dimanche 8 septembre 2024
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Les noms de plantes racistes seront modifiés en 2026

À l’occasion du 20ᵉ Congrès international de botanique, qui se tiendra à Madrid en juillet 2024, la communauté scientifique s’apprête à opérer une révision majeure des noms de plantes, champignons et algues portant des connotations racistes. Ce changement, adopté après un vote crucial, marque une étape décisive dans l’évolution de la nomenclature botanique. En revisitant ces noms, les scientifiques visent à promouvoir une science plus inclusive et respectueuse des diversités culturelles, tout en espérant minimiser les impacts négatifs sur leurs travaux et publications.

Congrès international de botanique 2024 à Madrid

Le 20ᵉ Congrès international de botanique se tiendra à Madrid, en Espagne, du 21 au 27 juillet 2024. Cet événement rassemblera des botanistes du monde entier pour discuter des avancées et des enjeux dans le domaine de la botanique. Parmi les sujets à l’ordre du jour, le plus discuté est sans doute la révision des noms des plantes, champignons et algues portant des connotations racistes. Ce débat s’est intensifié suite à un grand vote organisé pour décider de ce changement.

Avec une majorité de 63% des voix favorables, soit 351 votes pour et 205 contre, cette mesure a été adoptée de justesse. Pour être acceptée, il fallait obtenir plus de 60% des suffrages. Ce vote marque une étape importante dans l’histoire de la botanique. Les experts espèrent que cette décision contribuera à rendre la science plus inclusive et respectueuse des diversités culturelles. La revue Nature, qui a suivi cette affaire de près, souligne l’importance de ce changement de nomenclature.

Le débat sur les noms à connotation raciste

L’un des aspects les plus controversés de ce congrès est le débat sur les noms à connotation raciste. « Caffra, » un terme latin dérivé de l’arabe « kafir » signifiant « non-croyant, » a été historiquement utilisé de manière péjorative pour désigner les Noirs pendant l’apartheid en Afrique du Sud. De telles connotations sont inacceptables dans notre société moderne et ce terme a donc été l’un des premiers à être révisé.

Des noms tels que Erythrina Caffra, Protea Caffra et Dovyalis Caffra seront modifiés pour enlever le « C » initial, passant ainsi à « Affra. » Ce changement vise à refléter de manière plus appropriée l’origine africaine de ces plantes sans les connotations négatives associées à leur ancien nom. Ce n’est pas la seule révision prévue : des plantes portant des noms de figures historiques liées à l’esclavagisme verront également leur dénomination modifiée.

Nomenclature révisée et nouvelles dénominations

Le résultat du vote au Congrès de Madrid aura un impact immédiat sur la nomenclature botanique. Parmi les premières modifications approuvées, on compte le remplacement du mot « Caffra » par « Affra. » D’autres noms associés à des figures historiques controversées devraient également être revus. Par exemple, l’Hibbertia, nommée d’après George Hibbert, un membre influent du lobby pro-esclavagiste britannique, est en tête de liste des révisions futures.

Pour faciliter cette transition, une commission spéciale sera créée début 2026. Cette commission sera chargée de proposer des noms alternatifs qui respectent les critères scientifiques tout en étant culturellement sensibles. Ce processus devrait permettre de maintenir la rigueur scientifique tout en rectifiant les injustices du passé.

Inquiétudes et débat parmi les botanistes

Malgré la relative unanimité sur la nécessité de changer certains noms, des inquiétudes subsistent parmi les botanistes. Alina Freire-Fierro, botaniste à l’université technique de Cotopaxi en Équateur, a exprimé son souci concernant les potentiels impacts de ces changements. « Cela pourrait potentiellement causer beaucoup de confusion et de problèmes dans de nombreux domaines autres que la botanique, » a-t-elle déclaré.

Les craintes évoquent des problèmes informatiques et juridiques liés au changement de noms dans les bases de données et les publications scientifiques. Les ramifications de ces modifications pourraient s’étendre au-delà de la botanique, affectant d’autres disciplines scientifiques. Les botanistes insistent donc sur la nécessité d’une mise en œuvre soigneusement planifiée et coordonnée pour minimiser les perturbations.

L’avenir de la nomenclature zoologique

Alors que la botanique avance vers une nomenclature plus inclusive, la nomenclature zoologique reste pour l’instant inchangée. La Commission internationale de la nomenclature zoologique a exprimé son opposition à des modifications similaires pour les noms des animaux. Cette différence de position souligne les défis complexes et variés auxquels sont confrontées les différentes branches des sciences naturelles.

La réticence à changer les noms zoologiques pourrait être attribuée à la crainte de confusion accrue dans les bases de données et les publications scientifiques déjà existantes. Toutefois, le débat est loin d’être clos et pourrait éventuellement conduire à une réflexion plus large sur la manière dont les sciences nomment et catégorisent les espèces.