Un nouveau dispositif expérimental, le « CDI-FE », conçu pour favoriser l’employabilité des individus très éloignés du marché du travail, a récemment été prolongé par le Parlement. Initialement lancé en 2018, ce contrat de travail à temps partagé a pour but d’aider des publics spécifiques tels que les jeunes, les seniors, et les chômeurs de longue durée, à réintégrer le monde professionnel. Le vote du 6 novembre renforce les dispositifs en place malgré les critiques du secteur de l’intérim.
La proposition de loi, portée par le député MoDem, Nicolas Turquois, vise à relancer le dispositif pour quatre ans, en ajustant les critères d’éligibilité. Ce contrat, qui permet d’embaucher des salariés par des entreprises spécialisées dans le travail partagé, les met ensuite à disposition d’autres structures pour diverses missions. Ce système apporte une flexibilité tant pour les entreprises que pour les salariés cherchant à améliorer leur employabilité.
Le Développement du CDI-FE et ses Objectifs
Depuis son lancement, le CDI-FE s’est donné pour mission d’aider des personnes spécifiques à renouer avec le monde du travail, notamment ceux confrontés à des obstacles tels que le manque de qualifications ou une longue période de chômage. Le dispositif, en rendant ces individus employables, espère réduire le fossé entre eux et le marché de l’emploi. En pratique, le salarié est engagé par une entreprise dédiée, qui s’occupe de le placer dans différents postes à travers plusieurs entreprises clientes. « Proposer une pérennisation du CDI-FE en l’état aurait été imprudent. Abandonner l’expérimentation aurait été un gâchis »,
a déclaré Charlotte Parmentier-Lecocq, la ministre déléguée aux personnes handicapées, soulignant l’importance de continuer cette initiative.
Les Défis de l’Évaluation du Dispositif
Malgré la prolongation du CDI-FE, des interrogations persistent quant à son efficacité, comme l’a mis en lumière l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). En effet, seulement 5 000 contrats ont été signés depuis son introduction. Ce faible chiffre soulève des préoccupations quant à la réelle portée de ce dispositif. Les expériences précédentes ont montré que des mesures similaires, tout en ayant un impact positif sur le long terme, nécessitent des évaluations constantes pour s’adapter à l’évolution des besoins du marché. La taille réduite de ce programme pourrait nuit à sa visibilité et à sa reconnaissance au sein de l’écosystème de l’emploi.
Les Réactions des Parlementaires
L’initiative a été accueillie avec des sentiments mitigés au sein du Parlement. Tandis que les représentants de la droite et du centre soutiennent le modèle pour sa capacité à offrir plus de flexibilité aux entreprises en période d’incertitude économique, les critiques de gauche mettent en avant les dangers qu’il représente pour les droits des travailleurs. « Un coup de canif porté au droit du travail pour satisfaire à des politiques managériales discutables »,
a dénoncé la socialiste Monique Lubin. Le débat reste vif sur les avantages et les inconvénients de ce dispositif, chaque camp mettant en lumière différents aspects de son application.
Les Enjeux pour le Secteur de l’Intérim
Les syndicats du secteur intérimaire ont fait entendre leur voix contre le CDI-FE, arguant que ce contrat pourrait déstabiliser le marché. Dans une lettre adressée aux sénateurs, ils ont souligné que les « avantages » de ce dispositif le rendent très attrayant pour les entreprises, risquant ainsi de désavantager les travailleurs bénéficiant de contrats intérimaires traditionnels. Cette tension illustre les difficultés de concilier innovation dans le marché de l’emploi et protection des droits des salarié(e)s, un défi que devra relever le gouvernement lors de l’évaluation des résultats du CDI-FE.
Dans cette dynamique, l’avenir du CDI-FE semble prometteur, mais exige un suivi et une adaptation continus aux réalités du marché de l’emploi et aux besoins des travailleurs vulnérables. Réussir à équilibrer les intérêts des entreprises et la protection des travailleurs sera crucial pour en assurer le succès et la pérennité.
Mots-clés: CDI-FE, emploi, réinsertion, marché du travail, secteur intérim, Nicolas Turquois, Charlotte Parmentier-Lecocq