Le silence prolongé de Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement national (RN), suscite de nombreuses interrogations après la chute du régime syrien dirigé par Bachar Al-Assad. Le 9 décembre 2024, soit quarante-huit heures après cet événement marquant, Le Pen n’a pas pris la parole pour commenter ce renversement, surprenant ainsi de nombreux observateurs. Ce mutisme soulève des enjeux géopolitiques et des réflexions sur les relations compliquées qu’entretient l’extrême droite française avec la Syrie.
Les circonstances entourant la chute d’Assad sont particulièrement délicates. En effet, Marine Le Pen, interrogée par Le Monde, a évoqué une situation « relativement complexe », montrant ainsi sa réticence à se prononcer trop rapidement. Tout en déclarant n’avoir « jamais soutenu » le dictateur, elle a reconnu avoir vu en lui un rempart contre le djihadisme, ce qui reflète sa position ambiguë sur ce sujet. De même, son collègue Jordan Bardella a qualifié la fin du régime d’Assad de « catastrophe géopolitique », soulignant les craintes liées à un potentiel afflux migratoire vers l’Europe.
Un soutien ambivalent envers le régime syrien
Depuis des années, Marine Le Pen a manifesté une attitude sceptique envers les révolutions arabes, préférant une « dictature laïque à une dictature islamiste ». Cette vision l’a amenée à côtoyer des conseillers favorables au régime syrien, comme son ancien député européen Aymeric Chauprade, lié à la Russie, ou Thierry Mariani, qui continue d’avoir des interactions avec le pouvoir syrien. Ces alliances illustrent un réseau qui voit d’un bon œil le régime baasiste, nourrissant ainsi une certaine nostalgie pour un ordre établi, peu préoccupé par les droits des citoyens.
L’héritage du père et les influences personnelles
Le soutien historique à Bachar Al-Assad chez certains membres du RN trouve racine dans les liens familiaux et commerciaux. Frédéric Chatillon, ami proche de Marine Le Pen et prestataire pour le RN, a, par le passé, bénéficié d’un enrichissement grâce au régime syrien. Sa proximité avec les dignitaires du régime lui a permis de jouer un rôle essentiel dans la communication politique durant la révolution, renforçant ainsi la position ambivalente de Marine Le Pen, qui a souhaité à maintes reprises engager un dialogue diplomatique avec le régime, comme l’atteste sa rencontre avec Assad par son entourage en 2021.
Les implications géopolitiques de ce silence
Le fait que Marine Le Pen et Jordan Bardella choisissent de ne pas aborder les atrocités commises sous le régime d’Assad reste frappant. Leur focalisation sur le risque migratoire, sans mentionner les souffrances des Syriens, soulève des questions éthiques concernant leur compréhension de la situation. Avec l’émergence de nouveaux leaders en Syrie, l’avenir politique du pays reste incertain, et la position du RN pourrait avoir des conséquences profondes sur la politique migratoire européenne et sur la perception des droits de l’homme au sein de l’extrême droite.
En résumé, le silence stratégique de Marine Le Pen sur la chute d’Assad et son rejet des révolutions arabes révèlent une continuité dans la politique du RN, ancrée dans une vision qui privilégie la stabilité à la justice. À mesure que la situation en Syrie évolue, les réactions de l’extrême droite française à ces changements pourraient bien redéfinir les lignes de fracture dans le paysage politique européen.
Mots-clés: Marine Le Pen, Bachar Al-Assad, Rassemblement national, Syrie, géopolitique, drame humanitaire, risque migratoire, droits de l’homme.