Le congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui se tient à Paris du 19 au 21 novembre 2024, se déroulera sans la présence d’Emmanuel Macron. En effet, pour la première fois depuis 2017, le président ne sera pas là pour accueillir les maires, une absence notoire qui souligne une détérioration de la relation entre l’État et les collectivités locales. Cette situation témoigne d’un climat d’indifférence croissante, accentué par des tensions sur les questions financières entre le gouvernement et les élus locaux.
Cette année, le rendez-vous des maires s’annonçait essentiel, mais l’absence d’une réception à l’Elysée souligne une cassure dans les échanges entre les deux parties. Emmanuel Macron, en tournée en Amérique latine, ne sera pas présent, ce qui marque une première, si l’on considère que les présidents précédents avaient toujours tenu à se rendre à cet événement clé au fil des ans. Depuis 2017, ces rencontres avaient pris une place importante dans le calendrier politique, mais les relations se sont récemment détériorées.
Un climat de méfiance croissant
Les relations entre l’AMF et le chef de l’État ont été caractérisées par une méfiance croissante. Au cours de son mandat, Emmanuel Macron a souvent été critiqué pour sa gestion des finances publiques, notamment à l’égard des collectivités locales. Les élus expriment leur agacement face à ce qu’ils perçoivent comme une ingérence et un manque de compréhension des réalités budgétaires locales. « Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n’y a pas de dérapage de la dépense de l’Etat »
, a ainsi affirmé le président dans un entretien en mai. Cette remarque a eu pour effet d’envenimer davantage les relations avec les élus, qui sont en première ligne aux prises avec les contraintes budgétaires.
Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron et l’AMF ont connu plusieurs rencontres manquées. L’association, sous l’impulsion de son premier vice-président, le socialiste André Laignel, a progressivement développé une position d’opposition à l’exécutif. Des tensions sont palpables, notamment après un échange particulièrement tendu en 2021 lors d’un précédent congrès.
Un manque de réponses aux préoccupations des élus
La désinvolture de l’exécutif à l’égard des préoccupations des élus locaux semble s’affirmer. En 2023, Emmanuel Macron s’est contenté d’une réception à l’Elysée, sans réellement aborder les questions essentielles qui taraudent les maires. L’absence d’échanges francs sur la décentralisation et les finances locales reste appréhendée comme une stratégie du président pour éviter d’entrer dans le vif d’un débat qui pourrait lui être désavantageux.
Les projets d’avenir des maires face à l’indifférence de l’État
En mai 2024, David Lisnard, président de l’AMF, a proposé un débat public sur les finances des collectivités pour tenter d’aplanir les tensions. Cependant, Emmanuel Macron n’a pas donné suite à cette proposition, illustrant encore une fois l’absence d’un véritable dialogue entre l’exécutif et les élus. Les maires, souvent confrontés à des choix difficiles et à des attentes croissantes de la part de leurs concitoyens, expriment un besoin pressant de soutien et de reconnaissance de la part de l’État.
Cette situation actuelle amène à s’interroger sur l’impact de cette frénésie de désengagement politique sur l’avenir des collectivités locales. Les maires, qui ont pour responsabilité de gérer des budgets contraints tout en répondant aux attentes des citoyens, ressentent un profond besoin d’une nouvelle approche collaborative avec le gouvernement.
Les relations entre Emmanuel Macron et l’AMF sont à un tournant. Le manque de dialogue et d’engagement au plus haut niveau pourrait avoir des répercussions sur l’efficacité des politiques locales et sur la confiance des citoyens envers leurs élus. L’année 2024 pourrait s’avérer cruciale pour restaurer la communication et éventuellement redéfinir les attentes mutuelles.
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