Moetai Brotherson, leader indépendantiste polynésien, a été élu président de la Polynésie française, vendredi 12 mai. Il a recueilli 38 voix contre seize pour le président autonomiste sortant, Edouard Fritch, et trois pour une autre candidate autonomiste, Nicole Sanquer. Ce gendre du leader indépendantiste Oscar Temaru est connu pour porter des chemises à fleurs, des tongs et un lavalava, le pagne traditionnel polynésien, même à l’Assemblée nationale. Le nouveau président veut décoloniser le territoire, mais sans précipiter l’indépendance.
Moetai Brotherson, un homme qui assume ses différences
Moetai Brotherson est républicain, mais défend son particularisme polynésien avec fierté. Il a des origines danoises et pratique le rugby et les échecs. Ancien boxeur et amateur de MMA, il apprécie les joutes verbales en français comme en tahitien, sans jamais perdre son calme. Il a même osé se présenter devant l’ONU en short, dans l’automne glacial de New York, pour défendre la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, aux côtés des autres Tahitiens vêtus de cols roulés et de vestes chaudes.
Moetai Brotherson, un parcours politique riche
A 53 ans, Moetai Brotherson a acquis ses convictions indépendantistes dès l’enfance, face à des enseignants nostalgiques du temps des colonies. Il a d’abord fait carrière dans l’informatique et les télécommunications en Métropole et aux Etats-Unis avant de revenir en Polynésie suite au choc du 11 septembre 2001. Il s’est rapproché du monde politique en 2004, à la première arrivée au pouvoir des indépendantistes, mais n’a adhéré qu’en 2013 au parti d’Oscar Temaru, le Tavini Huiraatira. Depuis, il a été élu troisième adjoint à la mairie de Faaa en 2014, puis premier député indépendantiste polynésien en 2017, et réélu en 2022 au côté de deux autres indépendantistes représentant aussi la nouvelle garde intellectuelle du parti.
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