vendredi 22 novembre 2024
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Le RN et la reconnaissance de l’État palestinien en 2014

Le Rassemblement national (anciennement Front national) a suscité de vives réactions en 2014 lorsqu’il s’est prononcé en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien. Cette prise de position, marquée par des déclarations de personnalités telles que Jordan Bardella et Marion Maréchal, semble aujourd’hui en contradiction avec les discours récents du parti. Alors que le RN s’efforce de se repositionner sur la scène politique, il est crucial de comprendre les motivations et les évolutions idéologiques derrière ces alternances de soutien, qui ne sont pas sans susciter polémique et débat au sein de l’opinion publique.

Une polémique inattendue à propos de la reconnaissance de l’État palestinien

Les récents propos de Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), sur la reconnaissance de l’État palestinien ont suscité une vague de surprise et d’interrogation. En 2014, Bardella affirmait sur Twitter que « L’honneur de la France c’est de reconnaître un État palestinien. Tout vote en ce sens est une avancée. » Cette déclaration faisait écho à celle de Florian Philippot, alors vice-président du FN, et à Marion Maréchal, qui assurait également le soutien du FN à cette cause.

Cependant, cette position pro-palestinienne semble en total décalage avec les récentes déclarations du RN. En juin de cette année, Jordan Bardella déclarait lors d’une conférence de presse que reconnaître un État palestinien aujourd’hui « serait reconnaître le terrorisme ». Ce revirement radical de position soulève des questions sur l’évolution idéologique du parti et sur les motivations de ses dirigeants.

Les tweets de 2014, ressurgis récemment, remettent en lumière l’engagement passé du Front national en faveur d’une reconnaissance de l’État palestinien. Ces déclarations contradictoires révèlent une ligne politique qui semble fluctuer au gré des circonstances et des opportunités politiques.

Une ligne pro-palestinienne historique entachée d’antisémitisme

Sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, le Front national (FN) adoptait une posture pro-palestinienne. En 1997, lors d’une interview, Jean-Marie Le Pen déclarait que « Le peuple palestinien subit un véritable martyre. » Il reconnaissait par ailleurs le droit des Israéliens et des Palestiniens à avoir chacun une patrie. Cependant, cette position, loin d’être fondée sur une solidarité désintéressée, était empreinte d’antisémitisme.

L’historienne Valérie Igounet explique que ce soutien pro-palestinien était davantage une façade idéologique qu’une véritable conviction. François Duprat, ancien numéro deux du FN et négationniste notoire, était un fervent défenseur de cette ligne pro-arabe, dissimulant un antisémitisme virulent. Duprat avait même fondé le « Rassemblement pour la libération de la Palestine », intégrant le soutien pro-palestinien dans la rhétorique du parti.

Cette période est marquée par une instrumentalisation de la cause palestinienne, servant de paravent pour des idéologies extrêmes et antisémite. La ligne pro-palestinienne s’inscrivait dans une stratégie plus large visant à renforcer un discours de victimisation et de martyrologie.

L’évolution sous Marine Le Pen vers un soutien à Israël

Avec l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti, le Rassemblement national a opéré un véritable tournant dans ses positions vis-à-vis d’Israël et de la Palestine. Dès son accession à la présidence du parti en 2011, Marine Le Pen a cherché à transformer l’image du Front national, notamment en rompant avec les relents d’antisémitisme qui avaient marqué l’histoire du parti.

Valérie Igounet souligne que ce virage stratégique était motivé par une volonté de dédiabolisation. Marine Le Pen s’efforce alors de présenter le FN comme un allié des Français juifs, promettant que le parti deviendrait « le meilleur bouclier pour vous protéger ». Cette stratégie visait à désamorcer les accusations d’antisémitisme et à attirer un nouvel électorat.

Cette évolution se traduit par un soutien affirmé à une solution à deux États, comme le stipule le programme du parti dès 2011. Le RN assure soutenir la formation d’un État palestinien, tout en soulignant que la sécurité d’Israël doit être garantie. Cette nouvelle ligne politique marque une rupture nette avec les positions antérieures et reflète une volonté de repositionnement idéologique sur la scène internationale.

Divergences internes et incohérences persistantes

Malgré la volonté de Marine Le Pen de clarifier la position du parti, des divergences internes persistent au Rassemblement national concernant la question israélo-palestinienne. Certains membres du parti maintiennent des positions ambigües, oscillant entre un soutien à Israël et une reconnaissance de l’État palestinien.

Un exemple notable est celui de Marion Maréchal, qui lors d’un vote à l’Assemblée nationale, annonce son intention de voter pour la reconnaissance de l’État palestinien, avant de finalement s’abstenir. Gilbert Collard, autre figure du parti, s’était initialement opposé à cette reconnaissance sur les réseaux sociaux. Ces prises de position contrastées révèlent des tensions internes et une absence de cohésion sur ce sujet.

Les tweets de 2014 de Jordan Bardella et de Marion Maréchal, ressurgis récemment, rappellent ces contradictions et illustrent les débats internes du parti. Ces divergences soulignent une difficulté persistante du RN à adopter une ligne ferme et homogène sur la question israélo-palestinienne, mettant en lumière les défis d’un parti en quête de réinvention idéologique.

Le RN face à l’accusation d’antisémitisme aujourd’hui

Aujourd’hui encore, le Rassemblement national fait face à des accusations récurrentes d’antisémitisme, héritage lourd de son histoire. Marine Le Pen a entrepris une tâche ardue de dédiabolisation, s’efforçant de repositionner le parti comme un défenseur des juifs en France. Cependant, ces efforts sont souvent perçus comme insuffisants et hypocrites par une partie de l’opinion publique.

Valérie Igounet rappelle que le RN tente constamment de jongler avec son passé tout en diabolisant ses adversaires politiques. Le parti, sous la direction de Marine Le Pen, envoie régulièrement des signaux à la communauté juive pour se présenter comme une force politique respectable et protectrice.

En mai 2023, le RN s’est rallié aux députés rejetant une proposition de résolution communiste condamnant un « régime d’apartheid » en Israël. Cette démarche est perçue comme un moyen pour le RN de se distancier encore plus de son passé antisémite et de renforcer son image de soutien à la communauté juive.

Ces mouvements stratégiques sont essentiels pour le RN qui cherche à asseoir sa légitimité sur la scène politique française tout en combattant les stigmates de son histoire controversée.

Analyse des motivations politiques derrière les positions

Les prises de position fluctuantes du Rassemblement national sur la reconnaissance de l’État palestinien et le soutien à Israël révèlent des motivations politiques complexes et stratégiques. Le parti a toujours cherché à adapter son discours pour maximiser son attractivité électorale et répondre aux attentes changeantes de ses électeurs.

Sous Jean-Marie Le Pen, le soutien à la cause palestinienne était en grande partie motivé par des idéologies antisémites et une volonté de s’opposer à l’establishment politique. Ce soutien était également une manière de courtiser une certaine frange de l’électorat, en particulier ceux sensibles à la cause des peuples opprimés.

Avec l’arrivée de Marine Le Pen, la stratégie a évolué en réponse à la nécessité de dédiaboliser le parti. En affirmant un soutien à Israël et en adoptant une posture protectrice envers les juifs, Marine Le Pen cherchait à désamorcer les critiques d’antisémitisme et à élargir la base électorale du RN.

Ces ajustements montrent comment le RN utilise les questions internationales comme des outils pour redéfinir son image et attirer différents segments de l’électorat. Derrière chaque position, se cache une dynamique politique visant à renforcer le pouvoir et l’attrait du parti sur la scène nationale comme internationale.

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