François Bayrou, rencontré dans son bureau du Haut-Commissariat au plan à Paris le 27 août 2024, défend depuis longtemps l’adoption de la proportionnelle aux élections législatives. Selon lui, la crise politique actuelle met en lumière les limites du mode de scrutin en vigueur, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Cette mesure était d’ailleurs l’une des conditions de son alliance avec Emmanuel Macron en 2017. Pour lui, il est nécessaire d’adopter ce changement de loi électorale par référendum.
En effet, le système électoral actuel contraint des individus aux aspirations politiques divergentes à former des alliances artificielles pour rassembler des voix, favorisant ainsi la confrontation et l’hostilité. En revanche, la proportionnelle permet à chaque parti de se présenter avec ses propres convictions, favorisant un débat plus authentique et incitant à la recherche de compromis. En franchissant le seuil de représentativité de 5%, chaque parti est assuré d’une présence parlementaire, ce qui encourage la collaboration plutôt que la confrontation.
La proportionnelle modifierait profondément le paysage politique en incitant les acteurs politiques à percevoir leurs concurrents comme des partenaires potentiels plutôt que des ennemis à abattre. Cette approche permettrait de normaliser le pluralisme politique en reconnaissant la légitimité de toutes les forces politiques, même celles adverses. Alors que l’Assemblée actuelle témoigne de l’implosion des partis traditionnels, l’idée de la proportionnelle gagne en crédibilité et en pertinence pour garantir une représentation plus fidèle des opinions de la population.