Le 26 novembre, l’Assemblée nationale a largement voté contre le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, avec 484 voix pour et 70 contre. Cette décision non contraignante fait suite aux manifestations croissantes des agriculteurs inquiets pour leur avenir. Alors que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a souligné le manque de garanties pour une concurrence équitable, la mobilisation des agriculteurs se poursuit à travers la France, illustrant une tensions exacerbée dans le secteur agricole.
Ce mardi, l’Assemblée nationale a fait entendre la voix des députés qui se sont majoritairement opposés au traité de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur. Cette décision intervient dans un contexte de mobilisation agricole sans précédent, mettant en lumière les inquiétudes des agriculteurs qui craignent pour l’avenir de leur profession. Au-delà des considérations politiques, le discours de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a mis en exergue que « dans les conditions actuelles », cet accord ne promet pas des « conditions de concurrence loyales pour nos agriculteurs ». D’un autre côté, elle a averti qu’il serait « irresponsable pour la France de s’opposer par anticipation et par principe à tout accord de libre-échange ».
Une mobilisation agricole dans l’urgence
Sur le terrain, les agriculteurs continuent de s’unir autour de leur appel à la mobilisation. À Strasbourg, des dizaines de tracteurs de la Coordination rurale ont été empêchés d’atteindre le Parlement européen tandis qu’ils exprimaient leurs préoccupations face à cet accord. « On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits que nous considérons dangereux pour la santé humaine, alors que tous ces pays d’Amérique du Sud travaillent avec, déforestant à grande échelle »
, a témoignai Cyril Hoffmann, un agriculteur originaire de la Côte d’Or.
Parallèlement, d’autres actions ont eu lieu, telles qu’un déversement de pneus et d’engrais devant le site de Danone à Villecomtal-sur-Arros, où des agriculteurs, motivés par la Coordination rurale, ont prévu de bloquer l’accès. L’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a, de son côté, promu des initiatives à l’échelle nationale jusqu’à jeudi, visant à protester contre tout ce qui entrave leur travail, y compris les administrations, comme les préfectures.
Des actions aux quatre coins de la France
Des pancartes accrochées à des tracteurs à Lille clamaient « Stop aux papiers, on en a marre », tandis qu’à Perpignan, des agriculteurs vêtus de noir ont défilé en portant un cercueil symbolique. À Villeneuve-sur-Lot, une dizaine de tracteurs ont installé un barrage filtrant, bloquant la circulation d’un camion transportant de la viande irlandaise, ce qui a captivé l’attention des médias. « Nous avons trouvé de la viande irlandaise dans un camion destiné à “McDo” »
, a rapporté Aurélien Tuffery, le coprésident des JA pour le Lot-et-Garonne.
Des inquiétudes partagées parmi les syndicats
Une moitié des syndicats agricoles, tels que la FNSEA et la Coordination rurale, exprime leurs préoccupations concernant la législation en matière de pesticides, qui diffère fortement entre les normes appliquées en Europe et celles qui prévalent en Amérique du Sud. Toutefois, malgré des revendications communes, ces syndicats semblent agiter le drapeau de la dissension, déplorant le manque d’avancées concrètes en matière de travail agricole, moins d’un an après une mobilisation historique.
Dans ce contexte de tension, la Confédération paysanne, le troisième syndicat, a également renforcé ses actions contre le Mercosur, illustrant ainsi le désaccord général sur l’avenir du secteur agricole. Les élections professionnelles prévues dans quelques semaines ajoutent une couche d’incertitude à cette période déjà tumultueuse.
Alors que la situation au sein des syndicats agricoles se complexifie, la question demeure : quels seront les réels impacts du traité de libre-échange sur le quotidien des agriculteurs français? Les prochaines décisions politiques joueront un rôle déterminant dans l’évolution de cette affaire.
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