jeudi 19 septembre 2024
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Explosion des enquêtes sur le harcèlement : entreprises en crise !

En 2023, un total de 247 enquêtes relatives au harcèlement sexuel et moral ont été initiées par la Fédération des intervenants des risques psychosociaux (Firps). Ce chiffre, publié le 17 septembre, souligne une montée inquiétante du phénomène, renforcée par la médiatisation, les campagnes de prévention et la législation en vigueur. Le guide de la Firps sur les bonnes pratiques, intitulé « Faire face aux situations de harcèlement », propose des recommandations concrètes pour les entreprises, afin de pallier cette problématique croissante.

La problématique du harcèlement au travail a pris une ampleur considérable ces dernières années, en grande partie à cause d’une meilleure sensibilisation des salariés et d’une culture de la dénonciation qui s’est développée. Avec l’effet #metoo et la mise en place de cellules d’écoute dans certaines grandes entreprises, les victimes se sentent de plus en plus encouragées à s’exprimer. Un autre facteur à ne pas négliger est la loi du 17 janvier 2002 qui a intégré le harcèlement moral dans le code du travail, donnant ainsi un cadre juridique aux plaintes.

Les facteurs de l’augmentation des signalements

François Cochet, président de la Firps, explique que plusieurs éléments contribuent à cette inflation des signalements. D’une part, le plafonnement des indemnités prud’homales, connu sous le nom de « barème Macron » de 2017, a créé une incitation pour certains plaignants à intenter des actions sur la base du harcèlement. « Sa reconnaissance par le tribunal permet d’échapper au barème », souligne-t-il. D’autre part, les réformes récentes du code du travail ont consolidé les instances représentatives du personnel, entraînant une perte de proximité avec les employés, essentielle pour détecter et résoudre les problèmes émergents.

La réduction des équipes de ressources humaines sur le terrain a également eu des répercussions négatives. « Certaines entreprises ont été privées d’un réseau d’alerte au plus près du terrain », affirme Cochet. Ce réseau, composé de délégués du personnel présents sur site, était vital pour faire remonter les questions de harcèlement avant qu’elles ne deviennent insurmontables. En l’absence de ce maillage, les entreprises peinent à traiter rapidement les difficultés exprimées par leurs collaborateurs.

Le rôle des employeurs dans la gestion des plaintes

Face à cette situation, la Firps invite les entreprises à faire preuve de prudence lors des investigations. Isabelle Tarty, vice-présidente de la Firps, met en exergue que « Un harcèlement peut en fait renvoyer à d’autres problèmes liés au management, à l’organisation du travail, à des conflits interpersonnels ». Il est crucial pour les employeurs d’analyser en profondeur chaque situation avant de lancer des enquêtes, car bon nombre des demandes ne répondent pas aux critères juridiques de harcèlement. En effet, trois quarts des enquêtes demandées ne correspondent pas aux spécificités légales requises, telles que la répétition des actes et l’impact sur la santé des individus.

Prévenir plutôt que guérir : l’importance de la communication

Dans un climat où le harcèlement devient un sujet de plus en plus sensible, la prévention joue un rôle fondamental. Les entreprises sont appelées à établir des stratégies de communication et d’écoute plus efficaces. En organisant des formations et en sensibilisant régulièrement leurs équipes, elles peuvent non seulement prévenir l’émergence de problèmes, mais également s’assurer que les employés se sentent en sécurité pour exprimer leurs préoccupations sans crainte de représailles. En créant un environnement de travail collaboratif et ouvert, les employeurs peuvent efficacement réduire les cas de harcèlement.

En conclusion, la lutte contre le harcèlement au travail nécessite une approche globale qui ne se limite pas à des enquêtes après-coup. Les employeurs, en s’appuyant sur les recommandations de la Firps, devraient investir dans des pratiques de prévention et une culture d’entreprise favorable à la parole des salariés. Cela pourrait mener à une amélioration significative du bien-être au travail et à une diminution des signalements, favorisant ainsi un environnement de travail plus sain et productif.

Mots-clés: harcèlement sexuel, harcèlement moral, Firps, prévention, bien-être au travail, code du travail

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