Le collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine portera désormais le nom de Samuel Paty, suite à une décision unanime du conseil départemental des Yvelines. Quatre ans après le meurtre tragique de ce professeur d’histoire-géographie, cette initiative vise à honorer sa mémoire et à promouvoir les valeurs républicaines. Cependant, des associations de parents d’élèves expriment leur inquiétude face à un processus de changement de nom jugé trop administratif et manquant de concertation.
Le contexte de cette initiative remonte au 16 octobre 2020, lorsque Samuel Paty a été assassiné par un islamiste radicalisé pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, un acte qui avait suscité une vive polémique dans le pays. Le 18 octobre 2024, lors d’une séance publique, Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines, a déclaré : « En nommant le collège du Bois d’Aulne collège Samuel-Paty, nous incarnerons l’idéal de la France, cette espérance républicaine du progrès par la connaissance. » Cette décision entérine le souhait des élèves et du conseil municipal de Conflans-Sainte-Honorine.
Une décision symbolique mais contestée
La transformation du nom de l’établissement en collège Samuel-Paty vient réaffirmer des valeurs essentielles de respect et de liberté d’expression chères à la République. Cependant, trois associations de parents d’élèves ont exprimé leur déception quant à l’absence de concertation pendant ce processus. Dans une lettre ouverte, la FCPE, la PEEP et Alpec ont affirmé : « Cette prise de décision en l’absence de concertation fait des enfants de la République, aujourd’hui tout comme il y a quatre ans, les grands oubliés, eux qui ont vécu l’impensable. » Les associations soulignent l’importance d’impliquer les élèves dans un processus qui les concerne directement.
La nécessité du dialogue et de la réflexion
Le maire de Conflans-Sainte-Honorine, Laurent Brosse, a précisé que l’attente d’un changement de nom était basée sur le fait que les élèves ayant côtoyé Samuel Paty ayant déjà quitté l’établissement. Ce délai a été perçu par certains comme une opportunité de réfléchir aux implications émotionnelles et éducatives d’une telle initiative. Les associations de parents regrettent un manque d’esprit communautaire et estiment que le changement, tel qu’envisagé, est trop administrativement autoritaire et déconnecté des sentiments des jeunes concernés, déjà marqués par un drame désastreux.
Un hommage nécessaire, mais parfois mal compris
Samuel Paty, âgé de 47 ans au moment de sa mort, a été tué pour avoir exercé son droit à enseigner en toute liberté. Cet acte de violence a suscité une profonde réflexion en France sur la laïcité, la radicalisation et la protection des enseignants. Le département des Yvelines a annoncé qu’il procédera à la pose de nouvelles plaques, lors d’une cérémonie prévue dans l’année. Ce geste est à la fois un hommage et un appel à la vigilance. Le passage d’une simple désignation à un symbole vivant plaide pour la mémoire d’un homme passionné par son métier.
La mémoire comme outil éducatif
La décision de rebaptiser le collège en l’honneur de Samuel Paty soulève de nombreuses questions sur l’éducation et la transmission des valeurs. Les parents d’élèves envisagent le changement de nom comme une occasion manquée de renforcer les liens sociaux dans la communauté. Ils estiment que cela devrait également être l’occasion de promouvoir des enseignements sur la tolérance et le respect mutuel. Cela pourrait passer par des activités pédagogiques autour de la vie de Samuel Paty, afin de rappeler aux générations futures l’importance de la liberté d’expression et de la lutte contre l’intolérance. Une telle démarche serait bénéfique pour tous les élèves de l’établissement.
Cette initiative de changement de nom, malgré les tensions qu’elle peut provoquer, représente une étape importante dans un processus de mémoire. La façon dont elle sera perçue et vécue par les élèves pourrait bien modeler les discussions sur l’histoire récente et prévenir les dérives extrêmes à l’avenir.
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