Une nouvelle flambée de violence a éclaté dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, au Pakistan, ravivant des tensions anciennes entre les communautés sunnites et chiites. Cette dernière escalade a conduit à des affrontements mortels, causant la mort d’au moins 43 personnes, dont des femmes et des enfants. Les incidents se sont intensifiés le 22 novembre 2024, suscitant l’indignation et une réponse massive de la communauté chiite, qui a organisé des manifestations pour dénoncer cette tragédie.
Les événements tragiques se déroulent dans le district de Kurram, une région où les conflits entre groupes religieux persistent depuis des décennies. Le 23 novembre, des membres de l’administration locale ont rapporté qu’au moins **32 personnes** sont tombées sous les balles, dont **14 sunnites et 18 chiites**. Des responsables ont également indiqué que plusieurs magasins et résidences avaient été réduits en cendres dans le secteur du marché de Bagan.
Des affrontements meurtriers
La tension a atteint son paroxysme après une série d’attaques ciblées. Selon Javed Ullah Mehsud, un responsable local, les clashes ont éclaté alors que des **chiites armés** ont ouvert le feu, en réponse à des violences antérieures. « Ces évènements révoltants témoignent d’un cycle de haine persistante entre communautés », souligne Mehsud. Les forces de sécurité tentent désespérément d’instaurer un climat de paix, mais leur efficacité se heurte à un manque flagrant de ressources.
Des sources officielles ont également rapporté que durant trois heures, des groupes de chiites, armés d’**armes légères et automatiques**, ont réagi à l’attaque initiale en tirant sur des sunnites, ce qui a conduit à des représailles immédiates. L’atmosphère était déjà chargée après les funérailles de victimes d’une précédente attaque, ce qui a exacerbé les tensions.
Défaillance des autorités
La situation apparaît alarmante, d’autant plus que cela fait des mois que des violences ont lieu dans le district de Kurram. Entre juillet et octobre, **79 personnes** ont perdu la vie à la suite de conflits liés à des différends fonciers et tribaux. Selon la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), ces tragédies illustrent l’inefficacité des gouvernements, tant fédéral que provincial. L’ONG déplore : « La fréquence de tels événements confirme que les gouvernements ont échoué à protéger la sécurité des citoyens ordinaires », et ceci malgré les efforts des **jirgas**, ou conseils tribaux, qui cherchent à établir des trêves.
La minorité chiite se considère comme victime d’une longue historique de discriminations et d’attaques ciblées, des sentiments qui sont ravivés par ces événements récents. Leurs manifestations, qui ont eu lieu dans plusieurs villes, expriment un cri de désespoir face à un système qui semble les abandonner.
Un contexte de tragi-comédie sociopolitique
Au-delà des chiffres tragiques, c’est un contexte sociopolitique complexe qui se dessine. Les rivalités entre sunnites et chiites ne sont pas simplement religieuses – elles sont enracinées dans des conflits de pouvoir historiques, des inégalités socio-économiques et des rivalités tribales endurcies. Malgré la promesse d’une meilleure gouvernance, la région demeure assaillie par l’instabilité.
Avec au moins **150 morts** depuis l’été dans la seule région de Kurram, des voix s’élèvent pour un appel à l’action urgente des autorités nationales. Les communautés tentent de comprendre comment un cycle de violence aussi dévastateur puisse persister malgré les mouvements pour la paix qui émergent.
Au final, ces événements tragiques relèvent d’une problématique plus vaste impliquant la gestion des conflits communautaires, l’armement excessif et l’inefficacité des institutions. La communauté internationale observe avec une inquiétude grandissante la façon dont le Pakistan aborde ces violences qui mettent à mal le tissu social fragile du pays.
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