Le 2 février 2025, la visite officielle de Marco Rubio, secrétaire d’Etat américain, au Panama a suscité des tensions diplomatiques. Lors de sa rencontre avec le président panaméen, José Raul Mulino, des menaces concernant des « mesures » en réponse à l’influence chinoise sur le canal de Panama ont été évoquées. Cette situation met en lumière la complexité des relations entre les États-Unis et Panama, ainsi que l’importance géostratégique du canal pour le commerce mondial.
Cette visite constituait la première sortie à l’étranger de Marco Rubio en tant que chef de la diplomatie américaine. Le secrétaire a fait part des préoccupations de l’administration Trump vis-à-vis de l’emprise croissante de la Chine sur la région, insistant sur le fait que cela représentait une menace pour la neutralité et le bon fonctionnement du canal de Panama. Ce dernier, achevé en 1914 et transféré sous contrôle panaméen en 1999, est un axe crucial pour le trafic maritime mondial, notamment pour les États-Unis qui y véhiculent 40 % de leur commerce par conteneurs.
Des tensions palpables autour du canal
Le secrétaire d’Etat a clairement exposé la position des États-Unis quant à l’importance de préserver leurs droits en vertu du traité régissant le canal. « La position actuelle d’influence et de contrôle du Parti communiste chinois sur la zone du canal de Panama constitue une menace »,
a-t-il affirmé, selon Tammy Bruce, la porte-parole du département d’État. Malgré cette déclaration alarmante, le président Mulino a proposé d’engager des discussions « techniques » pour clarifier la situation, se disant convaincu qu’il n’y avait pas de danger imminent de conflit militaire. « Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une menace réelle en ce moment contre le traité », a-t-il déclaré après la rencontre.
Le canal comme enjeu stratégique
Construit par les États-Unis, le canal de Panama est considéré comme un bien stratégique non seulement pour Panama, mais aussi pour l’économie mondiale. Les préoccupations américaines se concentrent sur le fait que l’influence chinoise pourrait compromettre le transit maritime, surtout en cas de conflit. La visite de Marco Rubio, qui se poursuivra dans d’autres pays d’Amérique centrale, a également pour but de promouvoir la politique migratoire de Donald Trump, qui prône des expulsions. Les tensions liées aux politiques migratoires et à l’influence étrangère amplifient le besoin pour les gouvernements de Panama et des États-Unis de réexaminer leur coopération.
Manifestations et colère populaire
La visite de Marco Rubio a également été marquée par des manifestations, preuve de l’opposition palpable que suscite l’interventionnisme américain dans la région. Environ 200 personnes ont protesté, brandissant des slogans tels que « Rubio, quitte le Panama ! »
, tandis que d’autres ont exprimé leur colère en brûlant un mannequin à l’effigie du secrétaire d’État. Ces manifestations, bien que limitées, soulignent un sentiment croissant de souveraineté au sein de la population panaméenne, comme l’a fait valoir le syndicaliste Saul Medez : « Le Panama est une nation libre et souveraine »
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Perspectives d’avenir
Face à ces tensions, le président Mulino a sollicité un audit d’une société hongkongaise qui gère les installations portuaires aux deux extrémités du canal, une démarche visant à rassurer les États-Unis sur la transparence de la gestion portuaire. Ce dialogue est apparu essentiel pour éviter d’autres escalades dans les relations entre les deux nations. Alors que M. Rubio prévoit de continuer sa tournée en Amérique latine, l’avenir des relations panaméennes-américaines demeure incertain, dépendant largement des réponses que le Panama apportera aux préoccupations américaines.
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