Des milliers de manifestants ont envahi les rues d’Istanbul pour exprimer leur colère après l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le maire d’opposition de la ville. La situation, déjà tendue, a atteint son paroxysme les 20 et 22 mars 2025, lorsque les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les foules soutenant l’élu, récemment placé en détention. Cette vague de protestations s’est propagée rapidement à travers le pays, suscitant des inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie en Turquie.
Les manifestations ont débuté après l’annonce, le 23 mars, de l’incarcération provisoire d’Ekrem Imamoglu, accusé de corruption et de soutien à une organisation terroriste, des accusations que le maire rejette fermement par l’intermédiaire de son avocat. Le court procès qui l’a conduit à la détention a duré plusieurs heures et a été qualifié de justice politique par le Parti républicain du peuple (CHP), dont il est issu. « Cette arrestation représente un coup d’État politique », ont déclaré les représentants du CHP.
La contestation a été marquée par des rassemblements massifs à Istanbul, mais aussi dans au moins 55 provinces, ce qui représente une partie significative du pays. Les manifestants, brandissant des drapeaux turcs et des pancartes revendicatives, ont clamé que « les dictateurs sont des lâches » et ont juré que le parti au pouvoir, l’AKP, « ne les fera pas taire ». Le climat a été tellement électrique que certaines personnes ont passé la nuit à l’intérieur de l’hôtel de ville, attendant de connaître l’avenir d’Imamoglu.
Les autorités d’Istanbul ont réagi à cette agitation en interdisant les rassemblements et en prévoyant des restrictions d’accès dans la ville. En même temps, le gouvernement a également intensifié ses efforts pour rétablir l’ordre, alors que le président Erdogan, ancien maire d’Istanbul, a promis de résister à « la terreur de la rue ».
La réaction internationale ne s’est pas fait attendre, avec des déclarations de soutien venant d’Europe, notamment de Paris et Berlin, qui ont condamné l’arrestation de l’élu. En même temps, l’histoire politique d’Ekrem Imamoglu ne peut être ignorée. En 2019, il avait réussi un exploit en remportant la capitale économique du pays au détriment de l’AKP, interrompant un règne de vingt-cinq ans sur Istanbul. Il avait même remporté les élections municipales de 2023 avec un large soutien populaire, ce qui le rend d’autant plus influent et redouté par le pouvoir en place.
Dans cette atmosphère tumultueuse, la poursuite d’élections primaires par le CHP, malgré la situation critique de leur leader, montre leur volonté de ne pas se laisser intimider. L’engagement du parti à maintenir cette démocratie même en temps de crise pourrait être un point de basculement pour le paysage politique turc.
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