mercredi 22 janvier 2025

L’avenir des animaux de Marineland après sa fermeture

La fermeture de Marineland, parc emblématique d’Antibes, sonne comme un tournant décisif dans l’histoire des parcs marins en Europe. Après 55 ans d’activité, ce lieu mythique, connu pour ses orques et dauphins, met un terme définitif à ses activités, laissant derrière lui une question brûlante : que deviendront ses 4.000 animaux ? Entre défis logistiques colossaux et contraintes éthiques, le sort de ces pensionnaires soulève des préoccupations majeures. Tandis que la société s’interroge sur le futur des animaux en captivité, cette fermeture historique incarne une réflexion de fond sur l’équilibre entre conservation, éthique et bien-être animal.

Le clap de fin pour Marineland après 55 ans d’histoire

Après cinq décennies d’existence, Marineland, le célèbre parc marin d’Antibes, ferme définitivement ses portes. Fondé en 1970, il était considéré comme le plus grand parc marin d’Europe, accueillant chaque année des millions de visiteurs fascinés par les orques, les dauphins et une abondance d’espèces marines. Cependant, plusieurs facteurs ont précipité cette décision historique. Une chute de la fréquentation couplée à la loi du 30 novembre 2021 — interdisant les spectacles de cétacés d’ici 2026 — a scellé le sort de l’établissement.

La direction de Marineland a expliqué que la fermeture répond à une réalité économique et juridique, mais aussi éthique, dans un contexte où la société revoit sa relation avec les animaux en captivité. Ce tournant marque une transition majeure dans l’histoire des parcs marins en France. Alors que le clap de fin résonne, une question demeure : quel sera le sort de ses quelque 4.000 pensionnaires, dont certains sont des emblèmes de la biodiversité marine et terrestre ?

Le défi titanesque de reloger 4.000 animaux

Avec la fermeture de Marineland, l’heure est à la relocalisation de ses 4.000 animaux appartenant à 152 espèces différentes. Ces pensionnaires incluent dauphins, otaries, requins, mais aussi flamants roses, tortues, et coraux. Un défi logistique sans précédent se dessine pour le parc, qui s’engage à transférer ces animaux dans des structures adaptées respectant les standards européens les plus stricts en matière de bien-être animal.

Ce plan de relocalisation massif nécessitera des mois, voire des années, pour être mené à bien. Les équipes vétérinaires et logistiques travaillent d’arrache-pied pour orchestrer ce transfert en collaboration avec des parcs zoologiques et des réserves. Cependant, des associations de protection animale expriment leurs inquiétudes. Certaines estiment qu’il pourrait être difficile de trouver des places adéquates pour tous les animaux, soulignant le risque d’une issue tragique pour certains. La situation reste en suspens, et les regards se tournent vers les décisions futures qui devront concilier urgences pratique et éthique.

Les dernières orques de France face à un avenir incertain

Parmi les résidents de Marineland, Wikie et son fils Keijo, respectivement âgés de 23 et 11 ans, sont au centre de toutes les attentions. Ces deux orques, dernières de leur genre en captivité en France, ne sont pas adaptées à une réintroduction dans le milieu naturel en raison de leurs longues années passées en bassin. Initialement, le parc avait envisagé leur transfert vers le Japon, mais cette alternative a été rejetée par le gouvernement français, invoquant des standards de bien-être animal inférieurs à ceux de l’Union européenne.

Plusieurs options européennes sont à l’étude, dont un parc aux Canaries. Cependant, cette solution ne fait pas l’unanimité : des associations comme One Voice militent pour leur transfert vers un sanctuaire marin en Nouvelle-Écosse, au Canada, un projet qui reste toutefois inachevé. Entre contraintes juridiques, opposition associative et limites logistiques, l’avenir de ces deux orques emblématiques demeure fragile et incertain, symbolisant les défis complexes posés par la captivité des cétacés.

Quel avenir pour les dauphins, loutres et autres pensionnaires de Marineland ?

Au-delà des orques, Marineland doit également organiser la relocalisation de ses douze dauphins, ainsi que d’autres espèces comme les loutres, les requins, et les otaries. Chaque espèce impose des exigences spécifiques, rendant ce processus particulièrement complexe. La direction du parc assure que ces animaux seront envoyés dans des parcs zoologiques ou des sanctuaires capables de répondre à leurs besoins biologiques et comportementaux.

Cependant, certaines associations craignent que ces promesses soient difficiles à tenir dans la réalité. Selon elles, le manque de structures disponibles pourrait exposer certains animaux à des situations précaires, voire irrémédiablement à l’euthanasie. Ces préoccupations soulignent un débat plus large sur les limites des capacités d’accueil en Europe, et sur la nécessité de développer des sanctuaires spécialement conçus pour ces animaux hautement spécialisés.

Vers un nouveau cadre éthique pour les parcs marins

La fermeture de Marineland illustre un changement profond dans la perception du rôle des parcs marins en France et dans le monde. La loi de 2021, interdisant les spectacles de cétacés, incarne une volonté croissante de protéger les mammifères marins et d’évoluer vers des pratiques respectueuses de leur bien-être. Ce cadre éthique ne se limite plus à la conservation, mais s’étend à la réhabilitation et au respect de la dignité animale.

Des initiatives naissent pour développer des sanctuaires marins adaptés, permettant aux cétacés de vivre dans des environnements semi-naturels. Ce tournant pourrait redéfinir l’avenir des parcs zoologiques et aquatiques, les amenant à privilégier des modèles éducatifs sans exploitation animale. Marineland, en dépit de sa fermeture, symbolise cette transition vers une nouvelle ère, où la coexistence homme-animal repose sur des principes de durabilité et de respect mutuel.

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