Des manifestations massives secouent actuellement la Turquie, suite à l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul, qui est accusé de « terrorisme » et de « corruption ». Jusque-là, l’opposition appelle à des rassemblements dans tout le pays, incitant les citoyens à défendre leur maire face à ce qu’ils qualifient d’abus de pouvoir. Le climat de tension monte et les autorités semblent vouloir contrer la vague de contestation qui émerge.
Ces derniers jours, les évènements se sont enchaînés rapidement. Le 20 mars 2025, la police a arrêté Ekrem Imamoglu, figure de proue du Parti républicain du peuple (CHP) et adversaire historique du président Recep Tayyip Erdogan. Au lendemain de son arrestation, Özgür Özel, le leader du CHP, a exhorté les citoyens à descendre dans les rues à 20h30, après la rupture du jeûne du Ramadan, afin de manifester leur soutien à leur maire. Une forte mobilisation est attendue dans les 81 provinces et 973 districts de la Turquie, malgré les avertissements des forces de l’ordre.
Tensions et répression à Istanbul
La situation à Istanbul est particulièrement tendue, avec des rassemblements ayant lieu devant la mairie. Les autorités ont pris des mesures drastiques, interdisant les manifestations jusqu’à dimanche. Des affrontements ont éclaté entre la police et les manifestants, qui tentaient de se rassembler sur la célèbre place Taksim. Les forces de l’ordre ont eu recours à des gaz lacrymogènes et à des balles en caoutchouc pour disperser la foule. Ces actes de violence ont conduit à l’interpellation de 53 personnes et à des blessés parmi les policiers. Ces événements marquent une intensification des tensions politiques dans un pays déjà très polarisé.
Une réaction présidentielle
Le président Erdogan a brisé son silence en critiquant le CHP, qualifiant ses membres d’« hypocrites ». Selon lui, les problèmes rencontrés par le parti ne préoccupent pas la population, mais relèvent d’ambitions personnelles. Il a ainsi minimisé l’impact des manifestations, avançant que la Turquie ne pouvait se permettre de perdre du temps avec ce qu’il appelle des « spectacles de l’opposition ».
Les enjeux entourant l’arrestation d’Imamoglu
Ekrem Imamoglu, considéré comme le principal rival d’Erdogan sur la scène politique, devait être désigné candidat à la présidence pour le CHP. Cependant, l’annulation soudaine de son diplôme universitaire, quelques heures avant son arrestation, complique sa situation. Cette décision pourrait entraver sa candidature, car la Constitution exige que tout postulant à la présidence soit titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur. Les accusations de « soutien au terrorisme » prononcées à son encontre inquiétent profondément ses partisans, qui craignent maintenant qu’il ne soit incarcéré et remplacé par un administrateur nommé par l’État à la tête de la municipalité d’Istanbul.
Un mouvement de contestation grandissant
Özgür Özel, s’adressant à la foule, a affirmé que « le maire n’est ni corrompu, ni voleur, ni terroriste », promettant de ne pas abandonner la lutte tant qu’Imamoglu et d’autres maires en détention ne seraient pas libérés. Cette crise intervient un an après les revers électoraux subis par le Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan, alimentant la contestation face à la profonde crise économique que traverse le pays. De plus, la répression d’accès à certains réseaux sociaux, en réponse à la pression médiatique des manifestations, a soulevé des inquiétudes quant à la liberté d’expression en Turquie.
Alors que les manifestations continuent de croître, la capacité de l’opposition à rassembler et à mobiliser se renforce. Cela soulève des interrogations quant à l’avenir politique de la Turquie et aux réponses du gouvernement face à une agitation populaire croissante. Au-delà de la situation immédiate d’Imamoglu, c’est l’avenir de la démocratie turque qui est en jeu, avec des conséquences potentielles bien au-delà de ses frontières.
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