Haïti en proie à la violence des gangs : des tragédies humaines se multiplient
Au cœur des troubles d’Haïti, le tableau des violences des gangs représente une réalité tragique, marquée par la mort de quatre femmes enceintes dans la région de Port-au-Prince à la fin du mois de novembre 2024. L’incapacité des services de santé à répondre aux urgences médicales, punie par l’insécurité ambiante, illustre parfaitement la détérioration des conditions de vie des habitants de la capitale haïtienne, où les gangs contrôlent près de 80 % du territoire. Ce drame met en lumière l’urgence de la situation sécuritaire et politique dans ce pays des Caraïbes, tout en offrant un aperçu sur les défis auxquels font face les infrastructures de santé pour desservir une population en détresse.
Une tragédie sanitaire en plein chaos
La situation des femmes enceintes à Port-au-Prince est devenue de plus en plus précaire. Fin novembre 2024, les autorités sanitaires avaient déjà rapporté la mort de quatre femmes enceintes qui n’avaient pas reçu les soins nécessaires, témoignage poignant du désespoir qui règne. Selon Ronald Laroche, directeur exécutif du développement des activités de santé en Haïti, ces femmes se sont rendues devant plusieurs hôpitaux à la recherche d’interventions chirurgicales essentielles : « Les larmes aux yeux, nous avons vu ces femmes s’en aller avec les enfants qu’elles portaient. »
Cependant, la situation a été exacerbée par le blocage des routes, provoqué par les gangs qui terrorisent la population. Les gynécologues et anesthésistes, appelés d’urgence, n’ont pu atteindre leurs postes à cause de ces obstacles.
Parallèlement, la capitale haïtienne subit les conséquences de l’apparition accrue de bandes criminelles qui intensifient leurs attaques, à la suite de la crise politique majeure survenue à mi-novembre. La destitution du premier ministre Garry Conille et l’entrée en fonction de son successeur, Alix Didier Fils-Aimé, ont signalé un afflux de violences, plongeant encore plus la ville dans le désarroi.
Les chiffres alarmants des déplacés
Dans le contexte de ces violences, l’Organisation internationale pour les migrations a rapporté, dans un communiqué du 25 novembre, que plus de 40 000 personnes ont été contraintes d’abandonner leur domicile en l’espace de dix jours en raison des affrontements. Ce chiffre porte le total des personnes déplacées à environ 700 000 dans l’ensemble du pays. La situation est d’autant plus dramatique qu’il n’y a eu, durant plusieurs mois, « aucun centre maternel ouvert en Haïti »
, comme l’a déclaré Pascale Solages, cofondatrice et coordinatrice générale de l’association féministe Nègès Mawon.
Un répit : la réouverture d’un centre maternel
Alors que la violence se poursuit, une lueur d’espoir est apparue avec la réouverture de la maternité Isaïe-Jeanty le 2 décembre, après une fermeture de neuf mois. Cet établissement public avait dû interrompre ses services en mars, face à des attaques incessantes. Alors que la situation demeure fragile, la nouvelle équipe gouvernementale a exprimé sa satisfaction quant à cette réouverture, affirmant que les femmes enceintes allaient enfin pouvoir bénéficier d’un suivi médical approprié. Duckenson Lorthé Blema, le ministre de la santé, a déclaré : « Les femmes enceintes vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement médical digne. »
Les défis d’une nation vacillante
Pourtant, même avec la réouverture de la maternité, les défis restent nombreux. Haïti continue d’être en proie à un climat d’anarchie, exacerbée par les rivalités politiques qui empêchent une réponse adéquate aux crises humanitaires. Comme le souligne la situation actuelle, la santé publique est désormais un objectif secondaire dans un pays où la simple survie devient un enjeu quotidien.
La conjonction des crises politiques et de sécurité soulève des questions cruciales sur le futur immédiat de la population haïtienne, sur le point de basculer de la vulnérabilité vers une tragédie humanitaire à grande échelle. Les acteurs internationaux et les responsables haïtiens vont devoir agir rapidement pour tenter de restaurer un semblant de stabilité dans ce pays profondément affecté.
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