mercredi 14 mai 2025

Un ancien cadre de Keolis USA condamné pour fraude massive

Un nouveau scandale de fraude secoue le secteur des transports publics aux États-Unis. Un ancien cadre de Keolis USA, filiale américaine du géant français des transports, a été condamné à une peine exemplaire pour avoir orchestré un détournement massif de fonds sur plusieurs années. Cette affaire, marquée par des pertes financières colossales et des complicités internes, met en lumière les lacunes des mécanismes de contrôle au sein des grandes organisations. Découvrez les détails de cette affaire retentissante, qui ébranle non seulement Keolis, mais aussi la confiance dans les institutions en charge des infrastructures publiques.

Un ingénieur condamné pour une fraude record aux États-Unis

Aux États-Unis, une affaire de fraude d’une ampleur exceptionnelle a conduit à la condamnation de John Pigsley, ancien ingénieur en chef adjoint de la filiale américaine de Keolis. Le 17 avril dernier, un tribunal du Massachusetts a prononcé une peine de 70 mois de prison ferme à son encontre. À cela s’ajoutent trois années de liberté surveillée, selon un communiqué du département américain des Transports.

Entre juillet 2014 et novembre 2021, John Pigsley a orchestré une fraude complexe, causant un préjudice financier de plus de 19 millions de dollars. Parmi les victimes, Keolis a subi une perte de 8,6 millions de dollars, tandis que le fisc américain a été lésé de près de 2,7 millions. Pour compenser une partie des dommages, la justice a ordonné la saisie de trois propriétés immobilières appartenant à l’ingénieur déchu.

Ce scandale, qui met en lumière des défaillances dans les mécanismes de contrôle interne, secoue une entreprise majoritairement détenue par la SNCF. L’ampleur de cette fraude et la condamnation exemplaire soulignent l’importance croissante d’une vigilance accrue au sein des grandes organisations.

Un stratagème ingénieux qui a coûté des millions

Le mode opératoire de John Pigsley s’est révélé être un véritable chef-d’œuvre de tromperie, exploitant des failles dans les processus internes de Keolis. L’ingénieur validait des factures fictives pour des équipements électriques jamais livrés, ce qui permettait de détourner discrètement des fonds. En parallèle, il faisait commander des bobines de fils de cuivre au nom de Keolis, avant de les revendre illégalement sur le marché noir.

Les détournements ne s’arrêtaient pas là. Pigsley utilisait également les ressources de l’entreprise pour faire l’acquisition de véhicules et de matériel de construction destinés à son usage personnel ou à celui de ses proches. Ces biens étaient ensuite facturés à Keolis, aggravant encore les pertes financières de l’entreprise.

Entre 2014 et 2021, ces manœuvres frauduleuses ont permis à Pigsley de détourner des millions de dollars sans éveiller les soupçons, illustrant un système aussi astucieux que destructeur. Ce stratagème, bien qu’ingénieux, a fini par s’effondrer sous le poids des preuves accablantes collectées par les enquêteurs.

Quand la complicité alimente une fraude tentaculaire

Pour mettre en œuvre son plan, John Pigsley n’a pas agi seul. Il a pu compter sur la complicité active de John Rafferty, directeur général du fournisseur LJ Electric. Ensemble, ils ont établi une chaîne de fraude sophistiquée qui leur a permis de masquer leurs activités illégales pendant des années.

Entre 2014 et 2021, LJ Electric a perçu plus de 17 millions de dollars de Keolis. Rafferty, en collaboration avec Pigsley, achetait des articles pour leur usage personnel, qui étaient ensuite facturés frauduleusement à l’entreprise. Ce partenariat délictueux a contribué à l’envergure tentaculaire de cette fraude, affectant non seulement Keolis mais aussi les contribuables américains.

Cette affaire met en lumière l’impact de la complicité interne et externe dans les scandales financiers. Les actions de Rafferty ont amplifié les pertes subies par Keolis, rendant la fraude encore plus difficile à détecter. Les autorités américaines ont souligné le rôle clé de cette collaboration dans la réussite prolongée de l’opération frauduleuse.

Des aveux tardifs qui bouleversent le procès

Après des années de silence et de déni, John Pigsley a finalement plaidé coupable le 23 janvier 2025, marquant un tournant décisif dans l’affaire. Ces aveux, bien que tardifs, ont permis de confirmer les accusations portées par les autorités américaines. Selon le ministère des Transports, Pigsley avait approuvé de fausses factures pour des équipements inexistants et organisé le détournement des fils de cuivre commandés par Keolis.

Ces révélations ont profondément impacté le déroulement du procès, apportant des preuves indiscutables des malversations. Les enquêteurs ont salué la pleine coopération de Pigsley dans cette dernière phase, ce qui a permis de documenter l’ampleur exacte de la fraude et d’identifier les complicités impliquées.

Bien que l’aveu ait joué un rôle crucial dans l’avancée de la justice, il n’a pas atténué la sévérité de la peine infligée. Ce plaidoyer démontre néanmoins l’importance des confessions dans les affaires de fraude à grande échelle, facilitant la restitution partielle des fonds détournés.

Keolis face à une tempête médiatique et judiciaire

Pour Keolis, cette affaire représente un véritable séisme, tant sur le plan judiciaire que médiatique. En tant qu’entreprise détenue majoritairement par la SNCF, Keolis est soumise à un examen public particulièrement intense. Depuis 2014, la filiale gère les 14 lignes de trains de banlieue desservant la région du Grand Boston et l’État de Rhode Island, renforçant son rôle stratégique dans les transports publics américains.

Les révélations entourant John Pigsley et les pertes financières associées ont jeté une ombre sur la réputation de l’entreprise. À ce jour, Keolis n’a pas encore publié de commentaire officiel en réponse aux derniers développements de l’affaire. Cette absence de communication alimente les spéculations et place l’entreprise dans une position délicate face à ses partenaires et au public.

Alors que le procès touche à sa fin, Keolis devra surmonter les répercussions de ce scandale, tant en termes de gouvernance interne que de perception extérieure. Cette affaire pourrait bien servir de leçon pour l’ensemble du secteur des transports, soulignant l’importance de mécanismes de contrôle renforcés pour éviter de telles dérives à l’avenir.

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