En août dernier, Netflix a créé la stupéfaction parmi les amateurs de la célèbre série « Mad Men » en annonçant la récupération des droits de diffusion. Toutefois, à la surprise générale, l’intégralité des épisodes n’est pas disponible sur la plateforme. Un épisode clé de la saison 3, intitulé My Old Kentucky Home, manque à l’appel. La raison de cette absence est liée à une séquence controversée impliquant du blackface, une pratique historiquement offensive. Cette décision de Netflix suscite des débats vifs sur la gestion des contenus sensibles par les plateformes de streaming et soulève des questions sur la censure et la réévaluation historique.
Netflix récupère Mad Men, un épisode manquant
En août dernier, Netflix a annoncé la récupération des droits de diffusion de la célèbre série Mad Men, une chronique immersive de la vie dans une agence de publicité new-yorkaise des années 1960. Les amateurs étaient impatients de revivre les intrigues complexes et le charme rétro de cette série acclamée. Cependant, une surprise attendait les fans. Contrairement à ce qui avait été promis, Netflix ne propose pas l’intégralité des 92 épisodes de la série. En réalité, il manque un épisode clé de la saison 3 intitulé My Old Kentucky Home.
Pourquoi cet épisode est-il absent ? Les internautes ont découvert que Netflix a choisi de ne pas inclure cet épisode controversé. La raison tient dans une scène particulière où un personnage se livre à une pratique connue sous le nom de blackface. Cette absence soulève des questions sur la manière dont les plateformes de streaming gèrent les contenus sensibles et chargés d’histoire. En offrant 91 épisodes au lieu des 92 promis, Netflix a pris une décision qui divise les avis et qui pourrait influencer les perceptions de la série.
Polémique du blackface dans Mad Men : Comprendre la controverse
La décision de Netflix de retirer l’épisode My Old Kentucky Home est un exemple frappant des débats entourant le blackface dans les médias. Le blackface consiste à se peindre le visage en noir pour imiter ou caricaturer une personne noire, une pratique qui trouve ses racines dans le théâtre américain du XIXe siècle. Dans l’épisode en question, un des personnages principaux, Don Draper, assiste à une fête organisée par son patron, où ce dernier apparaît grimé en noir.
Cette séquence a suscité une vive controverse car elle rappele le passé raciste de l’Amérique et les stéréotypes dégradants qui ont soutenu la ségrégation raciale pendant près d’un siècle. Aujourd’hui, ce type de représentation est largement condamné car jugé offensant et raciste. En décidant de ne pas diffuser cet épisode, Netflix semble vouloir éviter d’exhiber des contenus qui peuvent être perçus comme offensants par le public contemporain, bien que cela suscite des débats sur la censure et la réévaluation historique.
Blackface dans l’histoire américaine : De la scène à l’écran
Le blackface est une pratique enracinée dans l’histoire américaine, datant du XIXe siècle lorsqu’elle était courante dans les minstrel shows. Ces spectacles jouaient un rôle crucial dans la propagation des stéréotypes dégradants sur les Afro-Américains. Les acteurs blancs se maquillaient pour interpréter des rôles caricaturaux de Noirs, souvent dépeints comme paresseux ou ridicules. Ces spectacles ont contribué à justifier et perpétuer les inégalités raciales.
Avec l’évolution des médias, le blackface a migré vers le cinéma, la télévision et la publicité, continuant à véhiculer des images péjoratives. Ce n’est qu’à partir des mouvements pour les droits civiques dans les années 1960 que cette pratique a commencé à être sérieusement remise en question. Aujourd’hui, la société américaine condamne fortement le blackface, le considérant comme une forme de racisme institutionnel. La controverse autour de Mad Men s’inscrit donc dans ce contexte plus large de réévaluation et de rejet des pratiques racistes héritées du passé.
Des productions réagissent : Supprimer ou censurer le blackface
Face à la prise de conscience croissante des préjudices causés par le blackface, de nombreuses productions ont décidé de réagir en supprimant ou en censurant les scènes controversées. Des séries populaires telles que Scrubs, The Office, et 30 Rock ont choisi de retirer des épisodes entiers ou des scènes où des acteurs apparaissent avec le visage peint en noir. La productrice exécutive de 30 Rock, Tina Fey, a expliqué cette décision en affirmant que « l’intention » ne devait pas servir d’excuse pour reproduire des images racistes.
Ces actions montrent une volonté des créateurs de contenus de prendre responsabilité et d’adapter leurs œuvres aux sensibilités actuelles. Toutefois, cela soulève aussi des questions sur la censure et la manière dont ces ajustements affectent l’intégrité artistique et historique des œuvres originales. Ces décisions divisent souvent le public entre ceux qui soutiennent la suppression des contenus offensants et ceux qui voient dans ces actes une réécriture de l’histoire à des fins contemporaines.
Mad Men et l’engagement contre les injustices raciales
La série Mad Men n’est pas étrangère aux discussions sur les injustices raciales. En 2020, la société de production Lionsgate a décidé de diffuser un message explicatif avant l’épisode controversé pour contextualiser et dénoncer les pratiques racistes de l’époque dépeinte dans la série. Le message soulignait que l’épisode visait à montrer la banalité du racisme dans l’Amérique des années 1960. Cette approche a pour but d’amener les spectateurs à une réflexion sur les injustices du passé et leur persistance aujourd’hui.
En choisissant de ne pas supprimer l’épisode mais de fournir une contextualisation, les producteurs mettent en avant l’importance de préserver l’authenticité historique tout en sensibilisant le public. Alors que Netflix a choisi de ne pas diffuser cet épisode, d’autres plateformes comme Amazon Prime et Roku ont conservé cette stratégie de contextualisation. Cette divergence de pratiques entre les différentes plateformes de streaming met en lumière les débats sur la manière d’aborder les contenus sensibles dans les médias contemporains.
Plateformes de streaming : Des choix variés pour les contenus sensibles
Les différentes plateformes de streaming adoptent des approches variées lorsqu’il s’agit de gérer des contenus sensibles comme le blackface. Alors que Netflix a choisi de retirer l’épisode controversé de Mad Men, d’autres plateformes comme Amazon Prime et Roku ont opté pour la mise en contexte. En présentant un message explicatif avant l’épisode, ces plateformes cherchent à éduquer les spectateurs sans altérer l’intégrité de la série.
Ces choix reflètent des philosophies différentes en matière de responsabilité médiatique et de liberté d’expression. Certaines plateformes estiment que retirer les contenus offensants est nécessaire pour éviter la propagation de stéréotypes dégradants. D’autres considèrent que la contextualisation est une meilleure option pour préserver l’authenticité historique tout en sensibilisant le public. Ces approches variées montrent la complexité de la gestion des contenus sensibles et la nécessité d’un équilibre entre mémoire historique et sensibilité contemporaine.