vendredi 22 novembre 2024
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Crise des Déchets à La Havane : Une Situation Explosive

La situation à La Havane, capitale emblématique de Cuba, atteint des proportions alarmantes alors que la ville fait face à une accumulation de déchets d’une ampleur sans précédent. Dans un contexte déjà marqué par des défis économiques et sociaux, cette crise met en lumière les profondes lacunes du système de gestion des déchets. Les montagnes d’ordures qui envahissent les rues reflètent non seulement des problématiques logistiques, mais aussi les conséquences des sanctions économiques américaines. Cet article explore les causes et les répercussions de cette situation critique, ainsi que les initiatives locales envisagées pour y remédier.

La crise des déchets à La Havane mise en lumière

À La Havane, ville emblématique de Cuba connue pour ses cigares et son ambiance rétro, une crise des déchets sans précédent sévit. Les rues de cette métropole de 2,1 millions d’habitants sont encombrées de montagnes de détritus, un phénomène aggravé par une pénurie chronique de carburant et de pièces détachées, résultant des sanctions économiques américaines. Chaque jour, plus de 30 000 mètres cubes de déchets s’accumulent, un chiffre en augmentation de 7 000 mètres cubes par rapport à l’année précédente. Cette situation alarmante met en exergue les défis structurels de la gestion des déchets dans la capitale cubaine.

Face à ce fléau, les récits des habitants sont édifiants. Lissette Valle, une habitante du quartier central du Cerro, se plaint des déchets jetés directement sous sa fenêtre, faute de conteneurs appropriés. La puanteur omniprésente, exacerbée par les eaux usées débordant des égouts, illustre la gravité de la crise. Selon la direction provinciale des services communaux, La Havane ne dispose actuellement que de 57 % des équipements nécessaires à la collecte des ordures, y compris seulement 100 camions benne. Fournis par le Japon, ces derniers sont en panne, et l’embargo américain empêche l’acquisition des pièces nécessaires pour les réparer.

Les causes profondes de la crise

La crise des déchets à La Havane est le résultat de plusieurs facteurs interconnectés. En premier lieu, la pénurie de carburant qui affecte le pays depuis 2023 complique grandement le ramassage des ordures. Miguel Gutiérrez Lara, responsable de la supervision et de l’inspection, souligne que ce manque de carburant est un problème majeur. S’ajoute à cela un déficit de main-d’œuvre dans le secteur de la collecte des déchets, principalement dû à des salaires insuffisants. Un balayeur de rue, touchant un salaire minimum équivalent à 17 dollars par mois, exprime son désarroi face à des conditions de travail déplorables, dénuées de gants de protection et autres équipements de base.

Le manque d’infrastructures adéquates aggrave également la situation. Seulement cinq des quinze quartiers de La Havane disposent d’un coordinateur pour le ramassage des ordures, plongeant les dix autres quartiers dans une « situation complexe ». Les sanctions économiques américaines exacerbent ce problème en limitant l’accès à des pièces de rechange essentielles pour les camions de collecte. Par ailleurs, la centralisation excessive de l’économie cubaine entrave la mise en œuvre de solutions locales innovantes, rendant difficile toute amélioration rapide et significative.

Conséquences sanitaires et environnementales

Les répercussions sanitaires et environnementales de la crise des déchets à La Havane sont multiples et préoccupantes. La prolifération des déchets dans les rues favorise la propagation de maladies. Jesus Jiménez, inspecteur de la prévention des maladies, s’alarme de la hausse des infections, notamment de la fièvre d’Oropouche, causée par des piqûres de moucherons et de moustiques infectés. Les tas d’ordures attirent non seulement les insectes mais aussi les rongeurs, augmentant le risque de maladies contagieuses comme la leptospirose.

Sur le plan environnemental, l’accumulation des déchets bouleverse les écosystèmes urbains et marins. Les plages, pourtant paradis pour les touristes, deviennent des décharges à ciel ouvert. Reinier Fuentes, plongeur et bénévole engagé dans le nettoyage des fonds marins, témoigne de la présence abondante de métaux et autres détritus dans les eaux cristallines de la plage de Guanabo. Solverig Rodriguez, responsable des ressources naturelles et du changement climatique à La Havane, confirme que l’accumulation de métaux constitue un défi majeur pour la conservation des côtes cubaines.

Initiatives locales et solutions proposées

Face à cette crise sans précédent, diverses initiatives locales émergent pour tenter de pallier les insuffisances du système de gestion des déchets. Des bénévoles comme Reinier Fuentes jouent un rôle crucial en nettoyant les fonds marins. Ces efforts, bien que louables, ne suffisent pas à résoudre un problème de cette envergure. La nécessité d’une action concertée et d’investissements massifs est primordiale.

Les autorités locales explorent plusieurs solutions pour atténuer la crise. L’une des mesures envisagées est l’augmentation des salaires des travailleurs de la collecte des déchets pour attirer et retenir davantage de personnel. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation au civisme sont mises en place, incitant les habitants à adopter un comportement plus responsable. Dulce Buergo, présidente de la Commission nationale cubaine pour l’Unesco, insiste sur l’importance du civisme : « Si vous venez à la plage avec quatre sacs, vous devez repartir avec quatre sacs, même si le quatrième contient des déchets ».

Impact économique et social de la crise

La crise des déchets à La Havane a des conséquences économiques et sociales profondes. Sur le plan économique, le tourisme, l’un des secteurs clés de l’économie cubaine, est gravement affecté. Les amas d’ordures dans les zones touristiques et sur les plages dissuadent les visiteurs, portant un coup dur aux revenus déjà fragilisés par les sanctions économiques. La baisse du tourisme entraîne une diminution des revenus pour de nombreuxcubains dépendants de ce secteur, exacerbant encore les difficultés économiques.

Socialement, la crise des déchets accentue les inégalités et met en lumière les carences des services publics. Les quartiers les plus pauvres sont souvent les plus touchés, avec des services de collecte des déchets quasi inexistants. Cette situation crée un sentiment d’abandon et de frustration parmi les habitants, qui se sentent livrés à eux-mêmes. Le manque d’hygiène entraîne une dégradation de la qualité de vie et renforce les tensions sociales.

Enfin, cette crise met en évidence la nécessité d’une réforme structurelle de la gestion des déchets et de l’ensemble des services publics à La Havane. Une approche plus décentralisée et une plus grande autonomie locale pourraient permettre une réponse plus efficace aux défis posés par cette crise. Les investissements dans des infrastructures modernes et la collaboration internationale sont également des pistes à envisager pour sortir de cette impasse.

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