Le premier tour des élections présidentielles en Équateur, qui s’est tenu récemment, a laissé entrevoir un climat tendu et des accusations d’irrégularités. Malgré les déclarations du président sortant, Daniel Noboa, évoquant des fraudes, les observateurs de l’Union européenne affirment n’avoir constaté aucune anomalie. Avec une progression serrée des résultats, les candidats se préparent déjà pour le second tour, prévu le 13 avril. D'emblée, ce scrutin pourrait s’avérer déterminant pour l’avenir politique du pays.
Lors de ce premier tour, les électeurs équatoriens ont été témoins d’un affrontement marqué entre deux visions politiques : celle de Daniel Noboa, le président en place, et celle de Luisa Gonzalez, sa rivale de gauche. Noboa, âgé de 37 ans, a fait valoir son expérience face aux menaces des cartels de drogue, dénonçant des pressions exercées sur les électeurs. En revanche, les missions d’observation, dont celle de l’Union européenne, ont conclu à l’absence de fraudes significatives. Cette ambiance électorale tendue et chargée d’accusations reflète l’instabilité actuelle du pays.
Une élection sous tension
Le chef de l’État sortant, Daniel Noboa, a regretté le dimanche 11 février dernier les “nombreuses irrégularités” qui auraient entaché le scrutin. Selon lui, les résultats officiels tardent à venir, ce qui suscite des inquiétudes. Il estime que ses résultats réels pourraient être meilleurs que ceux divulgués par les instances officielles. “Nous avons les preuves”, a-t-il déclaré à la radio Centro de Guayaquil, indiquant qu’il dispose d’éléments tangibles démontrant que des électeurs ont été intimidés pour voter pour le parti de sa rivale, la Révolution citoyenne.
En revanche, le responsable de la mission électorale de l’UE, Gabriel Mato, a souligné lors d’une conférence de presse à Quito qu’“il n’y a pas un seul élément objectif” indiquant une quelconque fraude. Cette affirmation a été corroborée par les observateurs de l’Organisation des États américains, qui n’ont signalé aucune anomalie pouvant impacter les résultats du scrutin.
Des résultats serrés et une polarisation accrue
Avec 96 % des bulletins comptabilisés, Noboa affirme avoir une courte avance avec 44,15 %, tandis que Luisa Gonzalez suit de près avec 43,95 %. Ce score surprenant reflète une dynamique politique complexe ; pour la première fois, le corréisme dépasse son plafond électoral précédent, selon l’analyste Leonardo Laso. La polarisation qui marque cette élection est, selon le politologue Santiago Cahuasqui, “extrême” et inédite en cinquante ans d’histoire équatorienne. Nombre d’électeurs, déçus par la gestion de Noboa, ont milité pour un retour aux sources du coréisme, même si son fondateur est actuellement en exil pour corruption.
Une lutte pour l’opinion publique
Les électeurs ne cachent pas leur mécontentement face à la gestion des crises, notamment la récente crise énergétique qui a laissé de nombreuses familles sans électricité pendant des heures durant. “C’était un véritable calvaire”, témoigne Yadira Sarmientos, une électrice ayant souffert des coupures prolongées. Malgré les promesses de sécurité et de rigueur de Noboa, son approche a été perçue par beaucoup comme une série d’actions spectaculaires sans véritable fondement structurel.
Lucidement, les analystes prévoient que d’ici le second tour, prévu le 13 avril, qui opposera les deux candidats, il est impératif de convaincre les électeurs indécis, dont ceux ayant soutenu Leonidas Iza et Andrea Gonzalez Nader. Comme l’a souligné Santiago Cahuasqui, “les deux candidats devront redoubler d’efforts pour capter ce vote”.
À l’aube d’un second tour potentiellement décisif, l’Équateur semble à un tournant critique. Les futures orientations politiques dépendront fortement des stratégies déployées par les candidats pour attirer un électorat en quête de changement et d’assurance.
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