Dans une tournure inattendue des événements, la Corée du Sud a fait face à une crise politique majeure qui a rappelé les tumultes du passé, lorsque le président Yoon Suk Yeol a déclaré une loi martiale lors d’une allocution télévisée non annoncée. Cette mesure exceptionnelle, qui a restreint les activités politiques et placé les médias sous contrôle gouvernemental, a suscité des réactions immédiates des partis d’opposition. Alors que les tensions politiques s’intensifient, la communauté internationale observe avec inquiétude les développements au pays du Matin calme.
Le 3 décembre 2024, Yoon Suk Yeol, président de la République de Corée depuis mars 2022, a prononcé un discours surprenant, annonçant la mise en œuvre de la loi martiale. Son objectif déclaré était de protéger la nation des actes de violence présumés, imputés à des forces pro-nord-coréennes et à des adversaires politiques intérieurs. En invoquant l’article 77 de la Constitution, Yoon a justifié cette décision en affirmant qu’il devait agir pour sauvegarder l’ordre constitutionnel et libérer le pays des menaces présumées à sa sécurité.
Une réaction politique immédiate
Peu après cette annonce, l’Assemblée nationale, où près de 200 parlementaires étaient contraints d’y rester, a voté pour bloquer l’application de la loi martiale. Malgré la déclaration du président, les parlementaires ont réussi à contrecarrer ses mesures, ce qui a poussé Yoon à réfléchir à la levée de la loi martiale lors d’une réunion cabinet prévue. Pendant ce temps, des témoins rapportaient des mouvements militaires autour du Parlement, alors que des soldats tentaient d’accéder à l’Assemblée nationale, marquant une escalade dramatique des tensions.
Des voix dissonantes au sein du PPP, le Parti du pouvoir populaire, ainsi que du principal parti d’opposition, le Parti démocratique, se sont élevées pour dénoncer la décision du président. Han Dong-hoon, chef du PPP, a qualifié la loi martiale de « mauvaise », promettant de « mettre un terme à cela avec le peuple ». Quant à Lee Jae-myung, leader du Parti démocratique, il a fustigé cette proclamation, la qualifiant d’« illégale et inconstitutionnelle ».
Des précédents historiques inquiétants
Ce recours à la loi martiale n’est pas anodin. La dernière fois qu’une telle mesure a été instaurée en Corée du Sud, c’était le 17 mai 1980, pendant un coup d’État militaire. À cette époque, une répression violente avait été orchestrée contre les manifestants, entraînant des milliers de morts. Depuis le processus de démocratisation des années 1980, cette loi n’avait plus été utilisée, même durant les crises politiques intenses comme celle de 2016, où la présidente Park Geun-hye avait été destituée suite à de massives mobilisations populaires.
Les conséquences internationales et locales
La tension politique croissante a attiré l’attention de la communauté internationale. Le gouvernement américain a exprimé sa préoccupation et a souligné l’importance de la résolution pacifique des désaccords politiques. Dans un contexte marquant de tensions géopolitiques, où les relations entre les États-Unis, la Chine et la Corée du Nord sont déjà tendues, la crise soudaine à Séoul a renforcé les craintes d’instabilité dans la région. De son côté, la Chine a recommandé à ses ressortissants de rester vigilants, tandis que les organisations internationales, telles que l’ONU, ont également exprimé leur inquiétude.
Face aux manifestations grandissantes et à l’exode de la population vers l’Assemblée nationale, le gouvernement sud-coréen a dû composer avec une pression croissante pour lever la loi martiale. Mercredi, un vote de l’Assemblée nationale a abouti à une demande unanime pour annuler cette mesure, incitant ainsi Yoon à annoncer une levée imminente de la loi martiale et le retrait des troupes stationnées autour du Parlement.
Alors que la situation continue d’évoluer, la question demeure : cette crise marquera-t-elle un tournant dans la démocratie sud-coréenne ou sera-t-il un épisode passager dans la lutte pour la liberté d’expression et l’ordre constitutionnel ?
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