La diplomatie américaine au Moyen-Orient
Dans sa riposte à la mort de trois soldats américains en Jordanie, tués dans une attaque de milices proches de Téhéran, fin janvier, Washington a veillé à épargner l’Iran pour ne pas provoquer un embrasement régional. Elle n’a, en revanche, pas ménagé son allié irakien. Deux séries de frappes meurtrières ont été menées en Irak depuis le 2 février, dont l’une au cœur de Bagdad, mercredi 7 février.
Ces représailles américaines ont conforté les autorités irakiennes dans leur détermination à mettre fin à la mission de la coalition internationale de lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). Elles exposent les bases américaines en Irak et en Syrie à de nouvelles attaques, alors que s’éloigne la perspective d’un apaisement régional après l’échec d’Israël et du Hamas à sceller une trêve dans la bande de Gaza.
« Réglez vos horloges pour l’heure de la revanche », ont averti les brigades du Hezbollah (Kataeb Hezbollah), jeudi, alors que des centaines de leurs partisans étaient réunis à Bagdad pour les funérailles de Abou Baqir Al-Saadi, le commandant chargé des opérations en Syrie.
Ce cadre de la puissante milice chiite irakienne, proche des gardiens de la révolution iraniens, a été tué, mercredi soir, avec deux autres miliciens, dans une frappe de drone américaine sur leur véhicule au cœur d’un quartier résidentiel dans l’est de Bagdad. Le Pentagone a confirmé avoir éliminé l’homme qui a « directement planifié et participé à des attaques contre des troupes américaines dans la région ».Washington dit avoir décelé « l’empreinte » de cette milice dans l’attaque menée contre l’une de ses bases dans l`est de la Jordanie, aux confins de la Syrie et de l’Irak, qui a fait trois morts et quarante blessés, le 28 janvier.
L’action avait été revendiquée par la Résistance islamique en Irak, une vitrine créée en octobre 2023 par des milices chiites proches de l’Iran, dont les Kataeb Hezbollah. Derrière ce paravent, elles ont mené 165 attaques contre des bases américaines en Irak et en Syrie pour protester contre le soutien des Etats-Unis à Israël. Les Kataeb Hezbollah avaient tenté de se soustraire à la vindicte de Washington en annonçant, après l’attaque en Jordanie, cesser toute agression contre les troupes américaines pour éviter « d’embarrasser le gouvernement irakien ».
Leur double allégeance comme membre de « l’axe de la résistance » à Israël emmené par l’Iran et des unités de la mobilisation populaire, une force gouvernementale créée durant la guerre contre l’EI (2014-2017), place Bagdad en porte-à-faux.
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