lundi 16 septembre 2024
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Violences sexuelles dans les universités de Côte d’Ivoire : culture de l’impunité et loi du silence révélées par une enquête.

Harcèlement sexuel dans les universités de Côte d’Ivoire : La loi du silence et la culture de l’impunité.

Dans les universités de Côte d’Ivoire, la parole des femmes semble peiner à se faire entendre. En effet, la majorité d’entre elles gardent le silence face aux violences à caractère sexuel. Selon une enquête menée en novembre 2022 par l’association ivoirienne Citoyennes pour la promotion et défense des droits des enfants, femmes et minorités (CPDEFM), 69 cas de harcèlement sexuel ont été recensés en 2022, dont 42 au sein de l’université Félix-Houphouët-Boigny, à Abidjan, plus grand campus du pays avec près de 65 000 étudiants. Cette enquête souligne également que, dans son échantillon, 40 % des violences sont commises par les membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) et 30 % par des professeurs, révélant ainsi la forme qu’a prise la violence dans les universités.

L’enquête menée par l’ONG Indigo en 2021 sous forme d’espaces de dialogue sécurisés sur une population de 1 322 personnes (étudiants, enseignants et membres du personnel administratif) dans trois grandes universités a également mis en lumière la loi du silence et la culture de l’impunité. Le rapport, intitulé « Le campus, c’est une jungle », pointe du doigt « la strategie de harcèlement » d’étudiants plus âgés qui profitent des premiers pas des néobacheliers pour les aiguiller puis « manipuler les élèves en manque de repères ». Selon Joël Kouassi, sociologue de l’ONG, il y a « une multiplicité d’acteurs » impliqués, les étudiants, mais aussi le corps enseignant et le personnel administratif et technique. Il note également que certains élèves ont demandé à la police de réagir, mais on leur a répondu que ces questions étudiantes devaient être gérées entre eux.

La mise en place d’une cellule d’écoute et de gestion des plaintes à l’université Félix-Houphouët-Boigny en mars 2022, semble être une mesure à la hauteur des enjeux auxquels l’université est confrontée. Ce service ambitionne d’être joignable via « un numéro vert, un mail, une application, pour permettre les plaintes anonymes ». Cependant, comme le soulève Joël Kouassi, « il faut aller au-delà du mécanisme de plaintes et travailler à briser la culture de silence ». Ceci pourrait être fait en abordant le plus souvent possible le sujet des VBG sur le campus, pour que tout le monde comprenne bien le phénomène et puisse le dénoncer.

Mots-Clés: Côte d’Ivoire, universités, violences à caractère sexuel, Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), harcèlement sexuel, loi du silence, culture de l’impunité, cellule d’écoute et de gestion des plaintes, VBG.

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