Une femme se trouve aux abords du centre de santé de MSF de Masisi, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 28 mars 2022. ALEXIS HUGUET / AFP
Un constat alarmant émerge : plus d’une jeune femme sur dix déclare avoir été victime d’un viol dans les camps de déplacés de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, selon une enquête récemment publiée par Médecins Sans Frontières (MSF).
En proie à des violences armées persistantes depuis trois décennies, l’est du pays, en particulier la province du Nord-Kivu, traverse une crise majeure depuis deux ans et demi, marquée par la résurgence de la rébellion du M23. Cette dernière a conquis de vastes territoires et encercle la ville de Goma, sa capitale provinciale. Des centaines de milliers de déplacés se retrouvent entassés dans des camps et des abris de fortune en périphérie de cette métropole d’un million d’habitants.
Selon une étude menée entre novembre 2023 et avril 2024 par Épicentre, un centre d’épidémiologie hébergé par MSF, plus de 10% des femmes adultes âgées de 20 à 44 ans ont déclaré avoir été victimes de viols au cours des cinq mois précédant l’enquête, un pourcentage grimpant à 17% dans certains camps à l’ouest de Goma. Les chiffres traduisent la gravité de la situation, corroborant le nombre élevé de cas de violences sexuelles traités par les équipes médicales de MSF dans les zones de déplacés autour de Goma, selon Camille Niel, coordinatrice d’urgence pour MSF à Goma.
Ces actes de violence ne se limitent pas aux camps, comme le rapportent les survivantes de violences sexuelles, victimes d’agressions perpétrées par des hommes souvent armés, dans les bois et les champs où elles se rendent pour collecter du bois de chauffage ou de la nourriture indispensable à subvenir aux besoins de leur famille. En dépit d’un accord de cessez-le-feu récent entre Kinshasa et les rebelles du M23, soutenus par Kigali, la progression du M23 persiste, comme en témoigne sa prise d’Ishasha, une ville congolaise frontalière de l’Ouganda, le même jour que l’entrée en vigueur de l’accord.