Le 30 janvier 2024, le verdict est tombé pour Olivier Boko et Oswald Homeky, reconnus coupables de délit grave. Le tribunal a prononcé à leur encontre une peine de vingt ans d’emprisonnement ainsi qu’une amende de 4,5 milliards de francs CFA, sans compter des dommages-intérêts s’élevant à 60 milliards de francs CFA à verser à l’État béninois. Ces deux hommes, anciens proches du président Patrice Talon, se sont vus sanctionnés pour « complot contre la sûreté de l’État » et « corruption d’agent public ».
La saga judiciaire qui s’est déroulée à Cotonou a débuté le 21 janvier 2024, dans un climat déjà tendu. Avant leur arrestation, Boko, un homme d’affaires considéré comme un potentat local, avait nourri des ambitions politiques à la veille des élections de 2026. En parallèle, Oswald Homeky, un ancien ministre des Sports, soutenait activement ces aspirations. Ce procès a été marqué par des rebondissements, des suspensions d’audiences, et des allégations de partialité concernant la composition de la cour.
Le cœur de l’affaire repose sur des accusations graves : un prétendu coup d’État inspiré de la tentative au Niger, ainsi qu’une corruption visant la sécurité nationale. Le colonel Djimon Tévoédjrè, responsable de la garde républicaine, a décrit comment Homeky aurait tenté de le soudoyer pour orchestrer un coup d’État, promettant à Boko un rôle clé dans un gouvernement militaire. « Je n’ai jamais discuté de coup d’État avec Olivier Boko »
, a affirmé Tévoédjrè, renforçant le flou qui entoure les accusations, malgré les affirmations du procureur.
Ce jugement s’inscrit dans une série de condamnations contestées par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), une institution critiquée pour son impartialité. La Criet, mise en place en juillet 2018, a déjà condamné d’autres figures politiques, soulevant des interrogations sur son fonctionnement et son influence. La nomination des magistrats par décret présidentiel ne laisse entrevoir aucune garantie d’indépendance, comme l’a souligné Ludovic Hennebel, avocat et enseignant en droit.
La défense a plaidé non coupable, mais la décision de la cour semble témoigner d’un climat politique où les enjeux de pouvoir et les luttes internes façonnent la justice. Olivier Boko a notamment clamé son innocence, mettant en avant son appartenance au système, révélant ainsi la complexité d’une situation où ambition, pouvoir et justice s’entremêlent. Alors que le Bénin se dirige vers des élections cruciales en 2026, ces événements continuent d’alimenter les spéculations concernant la possible candidature de Patrice Talon à un troisième mandat, attisant les tensions dans un paysage politique déjà délicat.
Mots-clés: Bénin, corruption, procès, Patrice Talon, Olivier Boko, Oswald Homeky