Une vague de contestation secoue le Mozambique depuis les élections générales controversées du 9 octobre 2024. Les semaines qui ont suivi ces scrutins ont vu un mouvement de protestation sans précédent, avec des manifestations massives à travers le pays. Parmi les événements marquants, une série d’actions orchestrées par l’opposition, qui a débuté les 7 et 8 décembre, a engendré des violences, entraînant la mort de nombreuses personnes et une intensification des tensions entre les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition.
Le climat d’instabilité s’accentue à Maputo, la capitale mozambicaine, où des manifestations ont eu lieu alors que la population remet en question la légitimité des résultats électoraux. Le Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, a revendiqué une victoire avec 71 % des votes, mais cette annonce est vigoureusement contestée par l’opposition. Les observateurs internationaux ont identifié des « irrégularités » dans le processus électoral, exacerbant ainsi la colère des citoyens.
Tensions croissantes après les élections
Depuis les élections du 9 octobre, la situation est devenue explosive au Mozambique. Deux mois après le scrutin, le mécontentement populaire s’exprime à travers des manifestations massives, signalant une mobilisation d’une ampleur inédite. Les partisans de l’opposition, galvanisés par leur leader Venancio Mondlane, qui a pris la fuite après des menaces, augmentent la pression sur le gouvernement. « Si je venais à mourir, vous devez accélérer le rythme des manifestations »
, a-t-il déclaré, mobilisant ainsi ses troupes malgré la distance. Cette déclaration a signé le début d’une série d’actions de protestation touchant des infrastructures vitales du pays.
Les actions des manifestants sont significatives : la prise d’assaut et l’écrasement de centrales électriques à la frontière sud-africaine ont provoqué une coupure d’électricité de deux jours à Maputo, illustrant parfaitement le niveau d’organisation et de détermination des opposants. De plus, des blocages sur la Nationale 1, artère principale du pays, ont gravement perturbé les déplacements et le commerce, témoignant de l’exaspération croissante des citoyens.
Violence et répression des manifestations
La répression des manifestations se traduit par une violence déplorable de la part des forces de l’ordre. Selon les témoignages de l’organisation de la société civile Plateforma Decide, au moins 22 personnes ont été tuées au cours de ces échauffourées, portant le bilan total à 104 morts durant deux mois de tensions. Cette violence illustre l’incapacité du gouvernement à gérer la colère populaire et à adresser les frustrations qui s’accumulent depuis des années. La police, débordée, a vu des manifestations se transformer en émeutes, conduisant à des attaques sur des bâtiments liés au Frelimo.
Un climat instable porté par l’opposition
La situation est d’autant plus complexe que l’opposition, bien que contestée, représente une alternative pour de nombreux citoyens désenchantés par le régime en place. Les attaques sur les antennes du Frelimo à travers le pays, notamment à Chibuto, traditionnel bastion du parti, révèlent une volonté de renverser l’hégémonie politique établie. Près de cent prisonniers ont également été libérés lors d’une attaque ciblée, montrant que les manifestations ne sont pas seulement un acte symbolique, mais engendrent également des conséquences concrètes sur le terrain.
Les enjeux de l’avenir politique du Mozambique
Ce climat de crise souligne l’urgence d’un dialogue national pour apaiser les tensions. La Cour constitutionnelle, attendue pour livrer les résultats définitifs avant le 23 décembre, sera mise devant la pression d’un peuple qui ne se sent plus représenté. La nécessité d’une réponse gouvernementale aux préoccupations légitimes des Mozambicains se fait pressante, mais le chemin vers un apaisement semble semé d’embûches. La situation pourrait se détériorer davantage si la répression continue et si l’opposition ne trouve pas les moyens de canaliser cette colère en revendications constructives.
La lutte pour la démocratie et la justice au Mozambique s’illustre à travers ce soulèvement populaire. La volonté des citoyens de faire entendre leur voix face à des mouvements de pouvoir jugés injustes pourrait, espérons-le, ouvrir la voie à une transformation politique profonde et nécessaire.
Mots-clés: Mozambique, manifestations, élections 2024, opposition, Frelimo, violences, démocratie, crise politique.