Des manifestations ont eu lieu à Nairobi le 30 décembre 2024, alors que des centaines de citoyens se sont rassemblés pour exiger la libération de personnes supposément enlevées par les forces de sécurité de l’État. La violence policière a éclaté alors que les manifestants pacifiques exprimaient leur colère face à une nouvelle vague d’enlèvements de jeunes opposants au régime, alimentant ainsi l’indignation à travers le pays. Cette situation souligne une crise des droits de l’homme qui menace la stabilité sociopolitique du Kenya.
La mobilisation populaire à Nairobi est le reflet d’une colère croissante contre les disparitions mystérieuses, attribuées par de nombreuses ONG aux agences de sécurité. Depuis juin dernier, des centaines de personnes ont déjà été signalées comme disparues à la suite de manifestations violemment réprimées, durant lesquelles plus de soixante personnes ont perdu la vie. Les récentes disparitions, qui ciblent principalement des jeunes critiques du président William Ruto, principalement ceux ayant osé mettre en ligne une image provocante du chef d’Etat, ont particulièrement marqué les esprits.
Une répression inquiétante
Le 30 décembre, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour rétablir l’ordre lors de rassemblements pacifiques. Des dizaines de manifestants, parmi lesquels des figures politiques telles que le sénateur Okiya Omtatah Okoiti, ont été brutalement interpellés. Leurs revendications étaient claires : mettre un terme aux enlèvements et obtenir la libération des disparus. Comme l’a souligné Nerima Wako, membre de l’ONG Siasa, « Les jeunes qui ont été enlevés doivent être libérés »
.
Les réminiscences des années 1990, époque marquée par des disparitions orchestrées par l’État sous le président Daniel arap Moi, sont omniprésentes dans l’esprit des manifestants. « Ces exactions auraient dû prendre fin dans les années 1990 », a déclaré Wako, mettant en lumière un passé douloureux qui semble ressurgir.
Les promesses du président Ruto
Acculé par les critiques des organisations de défense des droits humains, le président William Ruto a promis de « mettre fin aux enlèvements » lors d’une récente déclaration. Cependant, l’absence d’enquêtes sur les disparitions soulève des questions quant à la volonté réelle du gouvernement de résoudre ce problème. Denys Ngoya, un autre manifestant, s’interroge : « Je ne vois pas pourquoi ils font ça à des gens qui ne sont même pas violents »
. Cette déclaration résume la frustration croissante des citoyens face à des provocations d’État sans réponse proportionnée.
Les enjeux juridiques et les attentes de la société civile
Sur le plan judiciaire, un tribunal de Nairobi a ordonné la libération immédiate de cinq hommes qui auraient été enlevés. Le juge Bahati Mwamuye a enjoint la police à justifier leur détention et à fournir des informations sur leur état. Cette décision pourrait ouvrir la porte à davantage d’examens des politiques coercitives de l’État. La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR) a rapporté que, sur les 82 cas de disparitions, 29 sont toujours non résolus, ce qui indique une crise humanitaire persistante.
Un appel à l’action
Les manifestations à Nairobi ne sont pas seulement un cri de désespoir, mais également un appel à la solidarité entre les citoyens. Comme l’a affirmé Wanjiku, une jeune manifestante : « Ce combat est loin d’être terminé ». Malgré l’intimidation, les Kényans continuent de revendiquer leurs droits et de se réunir pour faire entendre leur voix. Les enjeux en cours s’étendent bien au-delà de la simple libération des enlevés ; ils touchent à la qualité même de la démocratie et des droits fondamentaux du citoyen.
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