En janvier 2024, une étape significative se dessine dans la coopération militaire entre la France et la Côte d’Ivoire avec la rétrocession de la base militaire française de Port-Bouët. Cette décision marque la fin d’une présence prolongée des troupes françaises dans ce pays, dans un contexte où plusieurs pays africains ont récemment vu le retrait des forces françaises. Le processus de transition vers une armée ivoirienne modernisée illustre les ambitions de souveraineté nationale tout en préservant des relations de coopération avec la France.
Depuis 2022, les forces armées françaises ont subi des revers diplomatiques en Afrique de l’Ouest, étant expulsées du Mali, du Burkina Faso, et du Niger. Plus récemment, les gouvernements du Sénégal et du Tchad ont également demandé leur départ. En réponse à ce contexte, le plan de désengagement progressif des militaires français, notamment à Abidjan, s’inscrit dans une volonté de réévaluation de la présence militaire française sur le continent africain, une approche qui se veut moins hégémonique et davantage basée sur la coopération.
Rétrocession de la base de Port-Bouët
Le président ivoirien Alassane Ouattara a officiellement annoncé la rétrocession de la base de Port-Bouët lors de son discours de fin d’année, soulignant qu’il s’agissait d’un retrait organisé et concerté des forces françaises. Ce développement coïncide avec l’intention de la Côte d’Ivoire de renforcer son autonomie sécuritaire et de moderniser ses forces armées. L’achèvement de cette transition est prévu pour la fin de janvier 2024, et il inclut également une réduction des effectifs militaires français déployés dans le pays.
Les autorités françaises et ivoiriennes ont collaboré étroitement pour garantir que cette transition se fasse sans heurts, avec un passage des responsabilités de manière ordonnée au sein du camp du 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMA). Ce processus vise à assurer la continuité des opérations militaires tout en favorisant le soutien à une armée ivoirienne en pleine structuration.
Une étape dans la réorganisation militaire
Le retrait des forces françaises ne doit pas être perçu comme un désaveu, a insisté le président Ouattara. Ce changement s’inscrit au contraire dans une stratégie de réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, cherchant à s’adapter à des réalités géopolitiques en mutation. Cette initiative constitue une véritable opportunité pour notre armée de se moderniser et de se structurer efficacement
, a-t-il affirmé, souhaitant rassurer sur les intentions de la France envers son partenaire ivoirien.
Pourquoi ce retrait?
Ce retrait de la base militaire à Abidjan reflète un changement de paradigme dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines. La montée des sentiments nationalistes et la volonté d’une plus grande souveraineté sur le plan militaire ont poussé certains pays à revoir leur coopération avec Paris. La Côte d’Ivoire, tout en affirmant son amitié avec la France, aspire à établir des bases solides pour son propre développement militaire.
En mettant l’accent sur la « modernisation effective » de son armée, la Côte d’Ivoire montre sa détermination à renforcer sa capacité d’intervention face aux menaces régionales. Il devient donc crucial pour le pays de se doter d’une défense robuste et autonome, capable de répondre aux défis contemporains sans s’appuyer systématiquement sur des forces étrangères.
Vers une nouvelle coopération
Le retrait des troupes françaises de Côte d’Ivoire pourrait ouvrir la voie à un nouveau modèle de coopération militaire, basé sur des partenariats d’égalité. L’accent pourrait être mis sur des échanges d’expertise et de formations entre les deux nations, permettant ainsi une évolution bénéfique dans le cadre de la sécurité régionale. L’avenir de cette collaboration dépendra sans aucun doute des choix stratégiques tant des autorités françaises que ivoiriennes, en gardant à l’esprit l’importance d’une défense nationale solide et indépendante.
Alors que la fin de ce mois de janvier approche, la communauté internationale suivra attentivement l’évolution de cette situation, qui pourrait donner le ton à d’autres réajustements similaires au sein de la région ouest-africaine.
Mots-clés: France, Côte d’Ivoire, militaire, Port-Bouët, coopération, modernisation