En dépit d’un cessez-le-feu, la rébellion du M23 continue d’affirmer son emprise sur des zones stratégiques de l’est de la République Démocratique du Congo. Selon un rapport d’experts de l’ONU, rendu public le 8 janvier 2024, non seulement le groupe armé, soutenu par le Rwanda, renforce son contrôle, mais il intensifie également le recrutement de nouveaux combattants pour administrer les territoires récemment conquis. Ce développement préoccupant soulève des inquiétudes quant à la stabilité régionale.
La situation en RDC, en particulier dans la province du Nord-Kivu, demeure critique. Depuis novembre 2021, le M23, ou Mouvement du 23 mars, a réussi à s’approprier de larges étendues de terrain. Malgré les accords de cessez-le-feu, la réalité sur le terrain témoigne d’une série de violations persistantes. L’armée congolaise (FARDC), assistée de plusieurs milices pro-gouvernementales, s’efforce de restaurer l’ordre, mais les récentes offensives des rebelles compliquent considérablement leurs efforts.
Une expansion territoriale ininterrompue
Le M23, soutenu par le Rwanda, n’a pas ralenti son rythme d’expansion. Les dernières avancées de ces rebelles témoignent d’une élévation inquiétante de la lutte pour le contrôle des ressources naturelles et des terres fertiles de la région
, note le rapport des experts de l’ONU. La prise de Masisi, une ville clé à proximité de Goma, symbolise cette dynamique. Située à 80 kilomètres au nord de la ville, Masisi est la capitale administrative du territoire du même nom et compte environ 40 000 habitants. Les combats pour son contrôle persistent, avec un déploiement intensifié de forces de la FARDC et de milices dans un climat de tensions accrues.
Les violations du cessez-le-feu, dénoncées par des sources officielles américaines, soulignent l’urgence de la situation. Washington a évoqué des « violations flagrantes du cessez-le-feu » après la conquête de Masisi, démontrant ainsi la fragilité de la paix précaire instaurée à la suite du dernier accord signé en juillet. Ce contexte rappelle la complexité des relations régionales et le rôle influent du Rwanda dans ce chapitre tumultueux.
Un recrutement et une organisation militaire renforcés
Le rapport met également en lumière une autre facette de l’expansion du M23 : le recrutement massif de nouveaux combattants, incluant des mineurs. Entre le 25 septembre et le 31 octobre 2024, pas moins de 3 000 nouvelles recrues ont terminé leur formation
, selon les experts. Ce flux constant de nouveaux membres alimente les capacités militaires du groupe, qui renforce ainsi son emprise sur les régions contrôlées.
La formation de cadres civils administratifs est une autre stratégie adoptée par le M23 pour cimenter sa présence. Ces initiatives permettent une gestion plus efficace des localités occupées, indiquant que l’expansion territoriale du M23 ne se limite pas à un objectif militaire. Comme le note le rapport, « le véritable but du M23 est l’occupation et l’exploitation à long terme des territoires conquis ».
Un avenir incertain
Les implications de cette dynamique sont préoccupantes non seulement pour la RDC mais pour toute la région des Grands Lacs. Les experts affirment qu’en raison des violations constantes du cessez-le-feu et des efforts de recrutement en cours, la perspective d’un retour à une paix durable s’amenuise. Dans le contexte d’échecs répétés lors de sommets, comme celui qui s’est tenu à Luanda en décembre 2024, la route vers la paix reste semée d'embûches. Les conflits, marqués par une quête incessante de pouvoir et de ressources, font craindre une intensification de la violence qui pourrait déstabiliser encore davantage les pays voisins.
Les enjeux géopolitiques et économiques dans cette région riche en ressources naturelles continuent d’attirer différentes forces, exacerbant ainsi la lutte pour le pouvoir local et la paix durable.
Mots-clés: M23, République Démocratique du Congo, cessez-le-feu, rapport de l’ONU, conflit armé, Rwanda, recrutement de combattants, Masisi