Dans un contexte économique en mutation, l’Algérie demande une révision de son accord d’association avec l’Union européenne (UE), visant à établir une coopération plus équilibrée. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a exprimé cette nécessité lors d’un conseil des ministres, soulignant que cette démarche ne découle pas d’un conflit mais cherche à renforcer les relations entre les deux parties, notamment sur le principe du « gagnant-gagnant ».
La question de la révision de cet accord, signé en 2002 et en vigueur depuis 2005, se pose alors que les exportations algériennes se diversifient au-delà des hydrocarbures. Cet appel d’Alger s’inscrit toutefois dans un climat de tensions, après que l’UE a lancé une procédure de règlement des différends accusant l’Algérie de mesures restrictives affectant ses investissements.
Une coopération redéfinie
Le président Tebboune a clarifié que la révision de l’accord est motivée par l’évolution de la réalité économique du pays. Lors de son entrée en vigueur, les exportations algériennes reposaient principalement sur les hydrocarbures. « Aujourd’hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées », a-t-il précisé, mentionnant des secteurs comme l’agriculture, les minerais, le ciment et le secteur alimentaire. Cette diversification illustre un changement profond dans le paysage économique algérien.
La volonté d’un réajustement de l’accord témoigne de l’ambition d’Alger de renforcer son rôle de partenaire économique à part entière au sein de l’UE. « Cette démarche va dans le sens des bonnes relations entre l’Algérie et l’UE »
, a souligné le président, soulignant que l’objectif est d’assurer un bénéfice mutuel dans leurs échanges commerciaux.
Tensions économiques et enjeux diplomatiques
En juin dernier, la Commission européenne a exprimé ses préoccupations face aux restrictions imposées par l’Algérie sur les exportations et les investissements européens. L’UE a initié une procédure de règlement des différends, arguant que ces mesures enfreignent les engagements pris dans le cadre de l’accord d’association. Cette situation a ravivé des tensions entre les deux parties, alors que le déséquilibre commercial se creuse.
Malgré cela, l’UE demeure le principal partenaire économique de l’Algérie, représentant près de 50,6 % du commerce international du pays en 2023. Toutefois, la valeur globale des exportations de l’UE vers l’Algérie a chuté de manière significative, passant de 22,3 milliards d’euros en 2015 à seulement 14,9 milliards d’euros en 2023. Cette tendance suggère un besoin urgent d’adapter les relations commerciales aux nouvelles réalités du marché.
Vers une nouvelle ère de coopération?
La révision de l’accord d’association vise donc à créer un cadre plus flexible et propice à l’émergence de nouveaux secteurs d’activité en Algérie. Alors que le pays s’efforce de diversifier ses sources de revenus, un ajustement des termes de cette coopération pourrait offrir à Alger la possibilité de renforcer ses relations avec les Européens tout en soutenant son développement économique indépendant.
De plus, la prise en compte des préoccupations des deux parties pourrait ouvrir la voie à des consultations fructueuses et contribuant à une résolution pacifique des différends existants. “Ainsi, un dialogue renouvelé pourrait permettre de dépasser les simple accusations et d’orienter les discussions vers des collaborations bénéfiques pour tous”.
Ces évolutions suggèrent que l’Algérie et l’UE sont à un tournant potentiel dans leurs relations. La révision de l’accord pourrait symboliser une volonté de toutes parts d’engager un dialogue constructif, basé sur des intérêts économiques communs, tout en tenant compte de la réalité actuelle de leurs échanges.
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