jeudi 19 septembre 2024
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L’Afrique subit une crise de financement sans précédent !

La résilience de la région africaine est soumise à rude épreuve, selon Abebe Aemro Selassie, le directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI). En effet, l’institution de Washington s’inquiète d’un important resserrement des moyens de financement à disposition des États africains. De manière conjuguée, trois sources majeures se sont contractées ces dernières années, dans un contexte d’épidémie de Covid-19, de guerre en Ukraine et de ralentissement économique mondial.

La première source de financement en chute est l’aide publique au développement, qui a chuté d’environ 53,7 milliards de dollars en 2020 à 47,4 milliards de dollars (43,4 milliards d’euros) en 2021, selon le FMI. La seconde source est les prêts contractés auprès de la Chine, massifs au milieu des années 2010 notamment fléchés vers les infrastructures, qui sont passés de 9,1 milliards de dollars en 2019 à 2,8 milliards en 2021. Enfin, les marchés financiers sont devenus plus chers et plus difficiles d’accès depuis 2020. Parmi les pays, le Ghana a tenté d’émettre un eurobond d’un milliard de dollars en juin, avant d’abandonner en raison de coûts trop élevés. Les pays pauvres ayant un marché financier établi mais dont la capitalisation boursière et la liquidité restent faibles, appelés pays « frontière », représentent les deux tiers du produit intérieur brut régional.

Moins de financements disponibles signifient moins de dépenses sociales, sur un continent dont au moins un tiers des habitants vit dans l’extrême pauvreté selon les critères de la Banque mondiale. La hausse des prix est venue aggraver « au plus mauvais moment » le manque de ressources, pour les États comme pour les ménages africains. Pauvreté et faim explosent à l’échelle régionale. Le FMI estime qu’en octobre 2022, 123 millions d’Africains faisaient face à une insécurité alimentaire sévère, aujourd’hui dénombrée à 132 millions.

Dans ce contexte difficile, l’institution prévoit une croissance moyenne de 3,6 % cette année en Afrique subsaharienne (contre 3,9 % en 2022). Cette dernière se caractérise par des disparités très fortes, de 0,1 % pour l’Afrique du Sud, empêtrée dans des coupures massives d’électricité, jusqu’à 8,3 % pour le Sénégal, qui commence à exporter du gaz. La prépondérance du secteur public caractérise la croissance de la région. Le FMI insiste sur la nécessité d’une prise de relais du secteur privé.

Mots-clés : Afrique subsaharienne, Fonds monétaire international, financements, pauvreté, croissance économique.

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