Le conflit autour des revenus miniers au Mali s’intensifie, alors que la junte militaire révèle des tensions avec Barrick Gold, exploiteur de l’un des principaux sites aurifères, Loulo-Gounkoto. Depuis le 13 janvier, les autorités ont commencé à saisir les stocks d’or sur le site en réponse à une insatisfaction croissante concernant la répartition des bénéfices. Le pays, déjà affligé par des défis économiques et de sécurité, tente d’accroître ses revenus grâce à ses ressources minérales.
La situation actuelle à Loulo-Gounkoto reflète un profond désaccord entre l’État malien et la société canadienne Barrick Gold, qui détient 80 % des droits d’exploitation du site. Cette tension a entraîné un blocage des expéditions d’or depuis plus de sept semaines. Les autorités maliennes, déterminées à prendre un contrôle plus substantiel des bénéfices générés par le complexe minier, ont exécuté une ordonnance de saisie des stocks d’or, laquelle a été mise en œuvre avec l’assistance d’un hélicoptère. Ce changement de dynamique, bien que motivé par le désir d’augmenter les revenus nationaux, suscite des inquiétudes quant aux répercussions sur l’économie locale et l'emploi.
Contexte et enjeux autour de l’exploitation de l’or
Le Mali, un des premiers producteurs d’or en Afrique, dépend fortement de ce secteur pour sa prospérité. En effet, l’or représente environ un quart du budget national et génère trois quarts des recettes à l’exportation. Néanmoins, la situation économique du pays est compliquée par des problèmes internes tels que le djihadisme et une crise humanitaire exacerbée. Les militaires, qui ont pris le pouvoir après un coup d’État en 2020, cherchent à renégocier les termes de leur partenariat avec Barrick Gold, espérant obtenir une plus grande part des bénéfices. Ce bras de fer a des conséquences non négligeables : Barrick Gold a déjà menacé de suspendre ses opérations, impactant ainsi l'emploi de 8000 travailleurs et de nombreux sous-traitants.
Ordonnance de saisie et tensions exacerbées
Le 13 janvier 2022, les autorités ont procédé à la saisie d’or sur le site de Loulo-Gounkoto, une décision qui s’inscrit dans une volonté de récupérer des fonds jugés indispensables pour le développement national. Barrick Gold, réagissant à ce déroulement, a indiqué avoir mis en garde la junte, lui accordant un délai pour résoudre la situation avant d’envisager la suspension de ses activités. La tension a été accentuée par l’inculpation de quatre employés maliens de la société ainsi que par l’émission de mandats d’arrêt contre les dirigeants de l’entreprise, accusés de « blanchiment de capitaux ».
Implications pour l’économie malienne
Alors que le Mali s’efforce de naviguer à travers un contexte économique difficile, ces évènements mettent en lumière les défis systémiques auxquels le pays fait face. Le verrouillage des expéditions d’or pourrait réduire dramatiquement les recettes d’exportation, rendant encore plus difficile le financement des services publics essentiels. Dans un pays où le taux de pauvreté est alarmant et où l’insécurité est omniprésente, la perte potentielle de revenus pourrait aggraver la situation socio-économique. La jugée intransigeance des autorités face à Barrick Gold pose la question de la viabilité de l’investissement étranger dans le pays.
Vers une résolution viable ?
Face à cette situation complexe, il est crucial pour les deux parties de trouver un terrain d’entente, afin de garantir à la fois les intérêts de l’État malien et la continuité des opérations de Barrick Gold. Un dialogue ouvert et constructif pourrait permettre de renforcer la part de revenus pour le gouvernement tout en assurant la pérennité de l'emploi pour les travailleurs maliens. La clé réside dans la transparence et la volonté de coopérer dans un secteur stratégique, qui pourrait se révéler bénéfique pour l’ensemble des parties prenantes.
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