L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud se défend avec vigueur contre les accusations portées à son encontre concernant son roman Houris, récemment lauréat du prix Goncourt 2024. Dans une tribune parue dans l’hebdomadaire Le Point le 3 décembre, il s’oppose fermement à l’idée d’avoir exploité l’histoire de Saâda Arbane, victime de la tragique « décennie noire » en Algérie, et certifie que son récit est une œuvre de fiction.
Dans son intervention, Daoud explique: « Cette jeune femme malheureuse clame que c’est son histoire. Si je peux comprendre sa tragédie, ma réponse est claire : c’est complètement faux ». Il souligne que, bien que la souffrance soit universelle, son personnage Aube n’a pas de lien direct avec ce que Saâda Arbane a vécu. « La blessure n’est pas unique. Hélas, elle est partagée par bien d’autres victimes », précise-t-il, accusant la plaignante d’être « manipulée » dans le but de « tuer un écrivain et diffamer sa famille ».
Les accusations, qui se traduisent par deux plaintes à l’encontre de Kamel Daoud et de son épouse, une psychiatre, relèvent d’une utilisation présumée sans consentement de l’histoire d’Arbane dans l’écriture d’Houris. Une des plaintes a été acceptée par un tribunal, ce qui signifie que Daoud et son épouse pourraient être convoqués à Oran pour répondre de ces accusations, sous peine d’un jugement par contumace.
Jusqu’à présent, Daoud a gardé le silence sur cette controverse, tandis que son éditeur, Gallimard, a fermement condamné les « violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature ». L’éditeur précise qu’Houris est avant tout une fiction, mettant en lumière la tragédie d’un peuple sans pour autant révéler de secrets médicaux ou personnels. « Il suffit de lire ce roman pour voir qu’il n’y a aucun lien, sinon la tragédie d’un pays », insiste Daoud, tout en défendant sa conjointe, dont le nom « a été sali par la diffamation et le mensonge ».
Le succès d’Houris, couronné le 4 novembre par le prix Goncourt, est teinté d’une ombre : le livre n’a pas pu être publié en Algérie à cause d’une loi qui interdit les ouvrages traitant de la décennie noire, période de violence ayant causé entre 60 000 et 200 000 morts selon les estimations, et laissant des milliers de disparus dans son sillage.
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