Le 1ᵉʳ mars 2025, la ville du Cap en Afrique du Sud a été le théâtre d’une marche des fiertés marquée par un hommage poignant à Muhsin Hendricks, reconnu comme le premier imam explicitement homosexuel au monde. Son assassinat, survenu mi-février, a bouleversé la communauté LGBT+ et soulevé des vagues d’indignation. Ce rassemblement résonne comme un appel à la justice et à la reconnaissance des droits des personnes LGBTQ+ dans un pays aux lois progressistes, mais encore en proie à la violence et à la discrimination.
Sur fond de célébration annuelle de la Cape Town Pride, des centaines de manifestants, en majorité de jeunes, ont afflué pour rendre hommage à Hendricks. La marche a été colorée par des pancartes affichant son image et le message fort « #JusticeForMuhsin ». Keisha Jensen, l’une des participantes, a exprimé son chagrin face à cet acte tragique, en soulignant le chemin parcouru pour les droits des LGBT+ dans le pays. Sa déclaration « J’ai le cœur brisé. Je pense que c’est triste, et plus particulièrement au vu du chemin parcouru, compte tenu des progrès en Afrique du Sud »
illustre parfaitement le sentiment de la foule.
Un assassinat qui interroge
Le meurtre de Muhsin Hendricks a secoué la nation sud-africaine, révélant un contraste saisissant entre les lois progressistes de l’Afrique du Sud et la réalité vécue par la communauté LGBT+. Bien que le pays ait été le premier en Afrique à légaliser le mariage homosexuel en 2006, de nombreuses personnes homosexuelles choisissent de garder leur orientation sexuelle secrète par crainte d’agressions ou de discrimination. Hendricks, qui avait pris un risque considérable en se déclarant ouvertement gay près de trois décennies auparavant, était un symbole de courage et de résilience pour les musulmans marginalisés.
Le contexte de sa mort met en lumière des violences encore trop fréquentes. L’imam, tué par balle près de Port Elizabeth, a été la cible d’un assaillant dont l’identité demeure inconnue. Une vidéo authentifiée par les autorités montre une voiture bloquant celle de Hendricks avant que son agresseur, vêtu d’un sweat noir à capuche, ne tire à plusieurs reprises dans la voiture. Ce crime, qui s’est déroulé en plein jour, a suscité une inquiétude croissante parmi les membres de la communauté LGBT+ et leurs alliés.
Un héritage à défendre
L’héritage de Muhsin Hendricks est également remis en question par cet acte de violence. Depuis son coming-out, il a œuvré pour donner une voix aux musulmans LGBTQ+ et a dirigé une mosquée permettant à ceux qui se sentent marginalisés de trouver un espace d’acceptation. Son engagement a inspiré de nombreux membres de la communauté à revendiquer leurs droits, mais son assassinat rappelle la fragilité de ces acquis.
La situation en Afrique du Sud, souvent glorifiée pour ses avancées en matière de droits des LGBT+, souligne un paradoxe troublant : alors que des lois garantissent l’égalité, la violence et l’hostilité persistent. Ce cas tragique appelle à une vigilance accrue et à des actions concrètes pour protéger les droits des personnes queer.
Appel à la solidarité et à l’action
La marche des fiertés du 1ᵉʳ mars a également été un moment de mobilisation collective, avec des participants appelant à une lutte continue contre l’homophobie et pour la justice. La communauté LGBT+ et ses soutiens, à travers des actions comme « #JusticeForMuhsin »
, souhaitent faire entendre leurs voix et signaler que les violences faites aux homosexuels ne seront pas tolérées.
La mort de Muhsin Hendricks revêt une dimension symbolique forte, à la fois en tant que triste rappel des dangers que doivent encore affronter de nombreuses personnes LGBT+ et comme un appel à l’unité et à la solidarité. En cette période, son héritage sera honoré tant que la quête pour l’égalité et la justice perdurera.
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