En janvier 2024, le Parlement gabonais a franchi une étape importante sur la voie du retour à un régime civil, en adoptant un nouveau code électoral. Cela fait suite à la prise de pouvoir de la junte militaire en 2023, après le renversement de la dynastie Bongo. Ce nouvel ensemble de règles vise à encadrer le processus électoral, alors que des préoccupations émergent quant à la possibilité d’ingérence militaire et judiciaire dans la politique gabonaise.
En février 2023, à Libreville, l’Assemblée nationale du Gabon a vu se dessiner une nouvelle ère politique. Lors d’une session extraordinaire tenue le 20 janvier 2024, le Sénat a approuvé, conformément à l’Assemblée, le projet de loi organique établissant le code électoral du pays. Ce texte, élaboré par une commission nationale mise en place par le président de transition, Brice Oligui Nguema, en décembre 2023, a été examiné durant dix jours et est composé de 383 articles.
Un code électoral novateur mais contesté
Le nouveau code électoral introduit plusieurs innovations, telles que la création de deux sièges de député pour les Gabonais vivant à l’étranger. De plus, les binationaux peuvent désormais se porter candidats à toutes les élections, à l’exception de la présidentielle, sans avoir à renoncer à leur autre nationalité. Le texte stipule également que magistrats et militaires peuvent se présenter aux élections, sous certaines conditions. Cette dernière disposition a suscité des critiques, certains opposants craignant une potentielle ingérence de ces corps dans le processus politique. Ces inquiétudes se fondent sur la crainte que les militaires ou magistrats cherchent à influencer le jeu politique grâce à leurs prérogatives professionnelles.
Brice Oligui Nguema, portant la responsabilité de la transition après avoir renversé Ali Bongo, a promis un retour à la démocratie. Toutefois, il a manifesté des ambitions présidentielles, suggérant un éventuel maintien de son influence au-delà de la période transitoire.
Des soutiens pour une transition réussie
Jean-François Ndongou, président de l’Assemblée nationale de transition, a salué cette réforme comme une avancée majeure. Il a précisé que l’objectif principal réside dans la mise en place d’une politique électorale respectant la transparence, l’équité, et la crédibilité. “Nous visons à organiser des élections parfaites, incontestables, libres, transparentes et démocratiques, acceptées par tous
”, a-t-il déclaré, soulignant l’importance de cette évolution pour le processus démocratique du Gabon.
Le cadre temporel de cette transition a pour l’instant été respecté, facilitant l’adoption d’une nouvelle Constitution. Ce texte fondamental a été entériné par le Parlement en septembre 2023, suivi d’un référendum en novembre. Ces réformes s’inscrivent dans un effort de modernisation et de réhabilitation des mécanismes démocratiques dans le pays.
Perspectives d’avenir pour le Gabon
Le chemin vers un retour à la démocratie au Gabon se dessine avec des étapes clés déjà franchies, mais il reste semé d’embûches. Les inquiétudes concernant les nouveaux rôles consentis à certaines professions dans le processus électoral, ainsi que les ambitions politiques de ceux qui sont déjà en place, continuent d’agiter le paysage politique gabonais. Si les promesses de Brice Oligui Nguema sont respectées, il incombera à la société civile et aux partis politiques de veiller à ce que ces réformes ne deviennent pas de simples instruments d’un contrôle autoritaire masqué.
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