Lors d’un rassemblement de soutien à la Russie, à Bangui, le 5 mars 2022, les États-Unis ont remis mi-décembre 2022 un mémorandum au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, leur proposant de nombreux bénéfices s’il rompait avec les paramilitaires du Groupe Wagner. Ces mercenaires, dirigés par Evgueni Prigojine, se sont déployés à Bangui début 2018 et ont étendu leurs activités à l’exploitation minière et forestière, la sécurisation de convois, le contrôle des douanes et même la production de vodka et de bière.
Cette offre a été préparée par le National Security Council, institution rattachée à la présidence américaine, et elle donne un délai de douze mois au chef d’Etat centrafricain pour prendre ses distances avec les mercenaires russes. Dans sa stratégie « de faire obstacle à la capacité du Kremlin à armer et équiper sa machine de guerre qui mène une guerre injustifiée contre l’Ukraine », le Trésor américain a ajouté le 26 janvier plusieurs noms à sa liste des personnalités et d’entités sous sanctions financières.
Ces sanctions visent notamment un ancien conseiller sécurité à la présidence centrafricaine, Valery Zakharov, le chef de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale, Alexandre Ivanov, et Sewa Security Services, « une société (…) contrôlée par le Groupe Wagner, qui assure la protection de hauts responsables du gouvernement centrafricain ». Kratol Aviation, qui permet à Wagner de « déplacer du personnel et des équipements entre la RCA [République centrafricaine], la Libye et le Mali », est également ciblé par ces sanctions.
Selon les informations du Monde, les États-Unis décrivent le Groupe Wagner comme « une organisation criminelle transnationale de grande envergure », mais ne ferment pas la porte à des discussions avec ceux qui souscrivent à ses services. Une différence notable avec la France qui a justifié les départs de ses soldats et l’arrêt de ses programmes d’aide à la Centrafrique et au Mali par la présence des paramilitaires de Wagner dans ces pays.
Les États-Unis espèrent ainsi limiter les activités du Groupe Wagner dans la région et leur capacité à armer et équiper leur machine de guerre. Mais pour y parvenir, ils doivent convaincre le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra de rompre avec ses alliés actuels, ce qui n’est pas une tâche aisée.
Mots-Clés: Faustin-Archange Touadéra, États-Unis, Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, Valery Zakharov, Alexandre Ivanov, Sewa Security Services, Kratol Aviation, République centrafricaine, Libye, Mali.