lundi 16 septembre 2024
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Evasion meurtrière: le carnage de Makala à Kinshasa, un désastre annoncé

Des policiers se tiennent à l’extérieur de la prison de Makala à Kinshasa, au lendemain d’une évasion tragique, le 2 septembre 2024.

Les circonstances de l’évasion de la prison de Makala à Kinshasa, survenue dans la nuit du dimanche 1er septembre, restent encore mystérieuses, mais les pertes sont déjà considérables. Les autorités congolaises rapportent la mort d’au moins 129 détenus, dont 24 abattus après sommations. D’autres ont péri lors d’une bousculade, d’étouffement et de violences sexuelles, a souligné le ministre de l’intérieur, Jacquemain Shabani, dans une vidéo diffusée aux médias.

La fuite réussie d’une centaine de détenus de cette prison surchargée, la plus grande du pays, aux alentours de 2 heures du matin reste un mystère. Alors que des pannes de courant ont été mentionnées, le ministre de la justice, Constant Mutamba, a accusé des actes de sabotage délibérés et a annoncé des enquêtes en cours. Le ministère de l’intérieur a également indiqué que 59 prisonniers ont été blessés lors des événements et a déploré l’incendie des bâtiments administratifs, du greffe, de l’infirmerie et des entrepôts de nourriture.

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, dont une filmée à l’intérieur de la prison lors de l’évasion, montrant des détenus s’enfuyant au son d’armes automatiques. Des coups de feu ont été entendus pendant plusieurs heures, selon des témoins de l’Agence France-Presse. Un autre enregistrement vidéo, datant du lendemain matin, montre des dizaines de corps alignés le long du mur d’enceinte de la prison de Makala.

Le traitement de la mutinerie par les forces de l’ordre congolaises suscite des interrogations, notamment concernant la répression disproportionnée dans un établissement pénitentiaire aux conditions de détention déjà épouvantables, souligne Hervé Diakese, avocat et porte-parole du parti Ensemble pour la République. Il soulève également le massacre de Kilwa en août dans le Haut-Katanga, où dix civils ont été tués par l’armée, remettant en question les méthodes et la responsabilité des forces de l’ordre.

La tragédie de Makala met de nouveau en lumière le problème de la surpopulation carcérale en RDC, avec un établissement conçu pour 1 500 détenus hébergeant environ 15 000 prisonniers, dont beaucoup sont en détention provisoire.


Mots clés : évasion, prison de Makala, forces de l’ordre, surpopulation carcérale, mutinerie, répression disproportionnée.

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