samedi 22 mars 2025

Chaos politique en Tunisie : Kaïs Saïed fait sa loi, attention !

Le climat politique en Tunisie connaît une nouvelle secousse avec le limogeage du premier ministre Kamel Madouri par le président Kaïs Saïed, survenu dans la nuit du 20 au 21 mars 2024. Cette décision, qui intervient sans explications officielles, s’inscrit dans un contexte politique tendu marqué par des régressions des droits et des libertés. Le nouveau premier ministre, Sarra Zaafrani Zenzri, prend les rênes d’un gouvernement confronté à d’importantes difficultés économiques et à une opposition marquée.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, a pris l’initiative, tard dans la nuit, de mettre à l’écart Kamel Madouri, lequel a été nommé en août 2024 lors d’un remaniement ministériel. Cette décision a été officialisée par un communiqué vague de la présidence. Pour le remplacer, Saïed a choisi Sarra Zaafrani Zenzri, auparavant ministre de l’Équipement, tandis que le reste de l’équipe gouvernementale a été maintenu. Ces changements semblent refléter une volonté de renouvellement au sein d’un cabinet déjà marqué par des incertitudes.

Des remaniements sous tension

Le limogeage de Madouri n’est pas un événement isolé. En effet, le président Saïed a déjà fait des vagues en février dernier en révoquant sa ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia, remplacée par la magistrate Michket Slama Khaldi. Détenteur de pleins pouvoirs, Saïed a la capacité de nommer et de destituer à volonté des ministres et magistrats. Ainsi, suite à un remaniement significatif en août 2024, où il avait remplacé de nombreux membres du gouvernement, il justifiait ses actions par « l’intérêt suprême de l’Etat » et des enjeux de « sûreté nationale ».

Cette dynamique se déroule sur fond de tensions politiques exacerbées par l’emprisonnement de plusieurs opposants et personnalités influentes, des détentions qui persistent depuis deux ans. Le climat de méfiance s’épaissit alors que Saïed, en 2021, avait déjà gelé le Parlement et mis fin aux fonctions de son précédent premier ministre. Ces actions ont contribué à un revirement vers un régime ultraprésidentiel, soulevant l’inquiétude des ONG et des observateurs, tant locaux qu’internationaux, qui pointent une détérioration inquiétante des libertés publiques et des droits de l’homme.

Un cadre socio-économique troublé

Sur le plan économique, la Tunisie traverse une période d’instabilité, avec une croissance de seulement 0,4 % en 2024, un taux de chômage atteignant 16 % et une dette nationale dépassant 80 % de son produit intérieur brut. De plus, malgré un soutien constant de l’Algérie voisine, qui lui accorde des crédits et des hydrocarbures à prix réduits, la Tunisie a rompu, il y a plus d’un an, des négociations avec le Fonds monétaire international. Ce dernier proposait un emprunt de 2 milliards de dollars, conditionné à la mise en œuvre de réformes significatives, notamment sur les subventions énergétiques.

La situation actuelle évoque de nombreuses inquiétudes sur l’avenir politique et économique du pays. Le président, fort de sa réélection en octobre 2024 avec plus de 90 % des voix malgré une participation électorale faible – inférieure à 30 % – tente de maintenir un cap, mais les défis restent immenses. De nombreuses questions demeurent en suspens quant à la manière dont ces gouvernances changeront la trajectoire du pays face aux pressions internes et externes, et si elles contribueront à restaurer la confiance auprès des citoyens.

Mots-clés: Kaïs Saïed, Kamel Madouri, Sarra Zaafrani Zenzri, Tunisie, remaniement ministériel, économie, droits de l’homme, opposition, FMI.

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