Les autorités françaises envisagent de maintenir la vidéosurveillance algorithmique, testée durant un an pour assurer la sécurité publique, à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La technologie, intégrant l’intelligence artificielle, permet d’analyser en temps réel les images des caméras pour identifier des situations à risque. Toutefois, la pérennisation de cette pratique soulève des préoccupations concernant la protection des libertés individuelles, comme l’illustre la réaction d’associations de défense des droits humains.
Le ministère de l’Intérieur, sous la direction de Bruno Retailleau, soutient l’idée de prolonger cette expérimentation, qui pourrait être ancrée dans la législation, si une loi en ce sens est votée. Ce dispositif a été initié dans le cadre de la loi introduite pour les Olympiades de Paris en 2024, où des mesures de sécurité renforcées étaient jugées nécessaires. L’expérimentation, qui se poursuit jusqu’en mars 2025, permet l’analyse basée sur des algorithmes de divers scénarios, comme la détection de mouvements de foules ou d’intrusions dans des zones sensibles.
Les objectifs et le fonctionnement de la vidéosurveillance algorithmique
La vidéosurveillance algorithmique (VSA) repose sur l’utilisation de l’infrastructure de caméras existante pour créer un système de surveillance « intelligent ». Elle a pour vocation d’aider les opérateurs de surveillance à gérer un volume accru d’informations en repérant des occurrences spécifiques, comme des comportements potentiellement dangereux. Ces technologies représentent un projet de surveillance permanente, dont le concept a été formulé par Michel Foucault dans son œuvre Surveiller et punir
, indique Félix Treguer, membre de l’organisation Quadrature du Net, qui critique cette approche.
Les caméras transformées par cette technologie peuvent détecter des éléments tels que des armes, des mouvements suspects ou même des incidents comme des chutes. L’utilisation de l’intelligence artificielle dans la surveillance vise à alléger le travail des agents humains, qui, jusqu’à présent, s’occupaient de l’analyse des images manuellement pour transmettre des alertes à la police.
Des résultats mitigés pendant les expériences précédentes
Durant des événements tels que des matchs de football ou des concerts, la VSA a été mise à l’épreuve, suscitant des retours variés de la part des parties prenantes. Par exemple, la SNCF et la RATP, impliquées dans le projet, ont reconnu les avancées apportées par la technologie, en particulier pour la détection d’individus sur les voies. Cependant, d’autres outils, comme l’identification de bagages abandonnés, ont fait l’objet de scepticisme quant à leur efficacité.
Préoccupations relatives à la vie privée et aux libertés individuelles
Malgré les promesses d’amélioration de la sécurité, le recours à la vidéosurveillance algorithmique suscite de vives inquiétudes chez de nombreux défenseurs des droits de l’homme. Le risque d’une surveillance intrusive, associée à une potentielle évolution vers la reconnaissance faciale, est perçu comme une menace grave à la vie privée des citoyens. Les critiques soulignent la nature problématique de cette surveillance accrue qui pourrait évoluer vers un système de contrôle social.
Katia Roux, responsable des questions « technologies et droits humains » chez Amnesty International France, aborde ces préoccupations, affirmant que “les technologies de surveillance, sans balises claires, peuvent conduire à des abus”. La nécessité d’un encadrement juridique rigoureux devient alors primordiale pour éviter des dérives.
Alors que le ministère de l’Intérieur attend le rapport d’évaluation des essais de cette technologie, les prochaines étapes détermineront non seulement l’avenir de la vidéosurveillance algorithmique, mais également celui de la protection des droits civils en France. Il est vital d’examiner en profondeur les implications de cette avancée technologique sur la société.
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