Ubisoft, l’éditeur de jeux vidéo emblématique, traverse une période de turbulences sans précédent. La grogne monte chez les actionnaires, à commencer par le fonds slovaque AJ Investments, qui a récemment exprimé son mécontentement à travers une lettre ouverte. Cette missive exige non seulement la vente de l’entreprise, mais également le départ de son directeur général, Yves Guillemot, et une réorganisation drastique de la société. Bien que ce fonds ne détienne qu’une minorité de parts, il reflète une frustration grandissante au sein du groupe des actionnaires, mettant en lumière des enjeux critiques pour l’avenir de l’entreprise.
Un investisseur exige la vente d’Ubisoft et le départ du PDG
Lundi dernier, Ubisoft a été secouée par la publication d’une lettre ouverte rédigée par AJ Investments, un fonds slovaque qui ne cache pas sa frustration envers les performances récentes du groupe. Cette lettre appelle non seulement à la vente de l’entreprise mais aussi au départ de son directeur général et cofondateur, Yves Guillemot. La missive exige également une réorganisation drastique de l’entreprise. Bien qu’AJ Investments détienne moins de 1% des parts d’Ubisoft, cela reflète un malaise général parmi les actionnaires.
La lettre mentionne une période de soixante jours pour que la direction réponde aux demandes du fonds, faute de quoi, le fonds utilisera « tous les moyens » nécessaires pour atteindre ses objectifs. En d’autres termes, AJ Investments veut écarter la famille Guillemot de la direction et les pousser à vendre leurs parts ou à retirer l’entreprise de la bourse. Cette situation a fait flamber les actions d’Ubisoft, accentuant la pression sur la direction.
Ce nouvel épisode met en lumière la perte de confiance des investisseurs envers Ubisoft. La famille Guillemot, qui a toujours été aux commandes, se retrouve maintenant sous le feu des projecteurs avec des décisions critiques à prendre pour l’avenir de l’entreprise.
Chute des ventes de Star Wars Outlaws : un coup dur pour Ubisoft
Le récent Star Wars Outlaws devait être un succès colossal pour Ubisoft, surtout avec son budget marketing astronomique. Pourtant, les premiers retours indiquent une déception palpable. Sorti en même temps que le très attendu Black Myth: Wukong, Star Wars Outlaws n’a pas réussi à attirer autant de joueurs que prévu. Les analyses préliminaires montrent que les ventes, initialement estimées à 7-8 millions, sont tombées entre 5 et 6 millions.
Cette contre-performance est d’autant plus néfaste pour Ubisoft qu’elle s’ajoute à une série d’échecs commerciaux. Des titres tels que Avatar et Skull & Bones n’ont pas rencontré le succès espéré après des années de développement. Par ailleurs, des projets comme Beyond Good and Evil 2 sont retardés, tandis que The Division Heartland a été annulé. Ces échecs successifs mettent énormément de pression sur une entreprise qui lutte déjà pour maintenir sa position sur le marché.
L’alignement de ces échecs crée une situation où Ubisoft doit rapidement trouver une solution pour inverser la tendance et regagner la confiance de ses investisseurs et de ses fans.
Effondrement boursier sans précédent pour Ubisoft
En bourse, Ubisoft traverse une période extrêmement difficile. Suite à la publication de la lettre d’AJ Investments, l’action d’Ubisoft a plongé à un plus bas historique de 11,70 €, contre 85 € en 2021. Cette chute libre a entraîné une dégringolade de -22% en une semaine, provoquant l’exclusion du groupe de l’indice Stoxx Europe 600 le 3 septembre. Il est à noter que cet indice regroupe les 600 meilleures cotations boursières européennes.
Cette situation est symptomatique des défis auxquels Ubisoft fait face. En pleine pandémie de Covid-19, Ubisoft avait réussi à redresser la barre grâce à la sortie de Assassin’s Creed Valhalla, un jeu acclamé par la critique et les joueurs. Aujourd’hui, le groupe se trouve dans une spirale descendante qui semble difficile à enrayer. Cette chute en bourse n’est pas seulement une alerte financière, mais aussi un signal fort envoyé à la direction et aux actionnaires.
Il est clair que Ubisoft doit rapidement adopter des mesures correctives pour regagner la confiance de ses investisseurs et stabiliser sa situation financière.
Charles-Louis Planade se prononce : entre espoirs et réalités
Charles-Louis Planade, directeur des opérations internationales chez TP Icap Midcap, a livré une analyse nuancée lors d’une interview accordée au Figaro. Selon lui, malgré les récents déboires, Ubisoft n’est pas encore à l’agonie. Il rappelle que Rainbow Six Siege continue de bien performer et demeure l’un des jeux les plus populaires au monde. Cela montre que Ubisoft possède toujours des actifs solides.
Planade souligne également le support indéfectible du géant chinois Tecent, qui détient 49,9% des parts d’Ubisoft. Ce soutien stratégique pourrait se révéler crucial pour stabiliser l’entreprise. Il évoque également la sortie imminente d’Assassin’s Creed Shadows, prévue le 12 novembre, qui pourrait bien redéfinir la trajectoire d’Ubisoft. La franchise Assassin’s Creed jouit d’une base de fans fidèles, et une nouvelle réussite de cette série pourrait apporter un souffle d’air frais bienvenu à l’éditeur.
Toutefois, malgré ces propos rassurants, il est clair que Ubisoft doit réussir ce prochain pari pour assurer sa survie dans un marché de plus en plus compétitif et exigeant.
Assassin’s Creed : le pari audacieux pour la survie d’Ubisoft
La franchise Assassin’s Creed a toujours été le joyau de la couronne d’Ubisoft, et cette année encore, elle pourrait bien être le facteur décisif pour l’avenir de l’entreprise. Avec la sortie prochaine d’Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft espère renouveler le succès qu’avait connu Assassin’s Creed Valhalla en 2021, qui avait engrangé plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires en quatorze mois.
Cette nouvelle sortie arrive à un moment critique pour Ubisoft. L’entreprise n’a plus le droit à l’erreur et mise énormément sur ce nouvel opus pour redorer son blason et stabiliser ses finances. Les attentes sont élevées, et un échec pourrait signifier une perte de confiance irrémédiable de la part des investisseurs et des fans. La réussite de Shadows est donc cruciale non seulement pour les revenus immédiats, mais aussi pour la réputation à long terme de la franchise.
En conclusion, Assassin’s Creed Shadows représente un pari audacieux. Si Ubisoft réussit, cela pourrait bien être le coup de pouce nécessaire pour redresser la barre et assurer la pérennité de l’entreprise.