La récente enquête de la Commission européenne sur TikTok soulève des questions alarmantes concernant l’influence étrangère sur les élections roumaines. Les autorités soupçonnent que ce réseau social a permis une campagne massive en faveur du candidat prorusse Calin Georgescu, qui a créé la surprise en remportant le premier tour de l’élection. Les enjeux de cette situation touchent non seulement à la démocratie roumaine, mais également aux pratiques des plateformes numériques face à la manipulation politique.
Le 17 décembre, la Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête formelle contre TikTok, après que des analystes ont signalé d’éventuelles interférences significatives de la part d’acteurs étrangers. Calin Georgescu, le candidat d’extrême droite, est suspecté d’avoir bénéficié d’un soutien illicite depuis Moscou à travers ce réseau social. Il a surpris en devançant les candidats traditionnels lors du premier tour de l’élection du 24 novembre, laissant planer des doutes sur la légitimité de son parcours.
Les menaces posées par l’ingérence étrangère
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a exprimé des inquiétudes grandissantes face à cette situation. « Nous devons protéger nos démocraties de toute forme d’ingérence étrangère »
, a-t-elle indiqué, soulignant la nécessité d’une réponse rapide et décisive. La Commission, en tant que gendarme du numérique, a mis en place le règlement sur les services numériques (DSA) pour encadrer les activités des plateformes. Ce cadre, pleinement opérationnel depuis le 17 février, vise à garantir la transparence et la sécurité des interactions en ligne.
Dans le cadre de cette enquête, Bruxelles se concentre sur la façon dont TikTok gère les risques électoraux, notamment à travers ses systèmes de recommandation. Ceux-ci pourraient avoir servi à orchestrer une « manipulation coordonnée » des informations au bénéfice de Georgescu. La Commission examinera également les « publicités politiques et contenus sponsorisés » associés à cette campagne.
Un cadre juridique rigoureux
Bruxelles a pris cette décision après avoir reçu des informations précises issues de rapports de renseignement issues des services roumains ainsi que des analyses d’évaluation des risques transmises par TikTok. L’enquête se fonde sur des réponses à des questions posées par la Commission et des documents internes fournis par le réseau social. Il est à noter qu’aucun délai légal n’est imposé pour clore cette enquête, ce qui laisse présager une inspection approfondie.
En cas de violations avérées, des sanctions peuvent être infligées, avec des amendes pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires annuel de TikTok. En cas de comportements répréhensibles répétitifs, la plateforme pourrait même se voir interdire d’opérer en Europe, une mesure radicale qui témoigne de la gravité des enjeux en cours.
Des irrégularités qui remettent en question le scrutin
D’importants bouleversements ont également affecté le processus électoral en lui-même. Début décembre, la justice roumaine a annulé l’élection présidentielle après avoir constaté « multiples irrégularités et violations de la loi électorale » ayant faussé le résultat du premier tour. Chacun de ces Grands changements soulèvent un malaise sur la manière dont la confiance du public dans le système électoral peut être maintenue face à des agressions extérieures.
Calin Georgescu, qui prône un « Roumanie d’abord », un slogan devenu emblématique, a séduit de nombreux électeurs lassés par la corruption des partis traditionnels. Ses opinions critiques à l’égard de l’UE et de l’OTAN, ainsi que son appel à un retrait total du soutien militaire à l’Ukraine, ont résonné au sein d’une partie de la population en quête de changement.
Le rôle des réseaux sociaux dans la mobilisation politique
Des services de renseignement roumains attribuent une part décisive aux activités sur TikTok, ayant identifié « 25 000 comptes TikTok » en lien direct avec la campagne de Georgescu, avec une acuité d’activité quel que deux semaines avant le scrutin. Cette situation rappelle les précédentes tentatives d’ingérence électorale observées par le passé, créant un parallèle inquiétant avec le récit d’une démocratie en péril.
Face à ces événements, l’Europe est confrontée à un défi majeur : comment sécuriser ses processus démocratiques tout en tenant compte de l’évolution rapide de l’espace numérique et de ses implications géopolitiques. L’affaire TikTok pourrait n’être qu’un cas d’école des défis à venir.
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