Alors que des discussions autour de la cession du Doliprane à un fonds d’investissement américain animent les débats politiques, une autre manœuvre géante se dessine, touchant directement un acteur emblématique du CAC 40 : Vivendi. Sous l’impulsion de son actionnaire majoritaire, le groupe se prépare à une scission radicale qui devrait le fragmenter en quatre entités distinctes, réparties entre Paris, Londres et Amsterdam. Cette transformation pourrait redéfinir le paysage audiovisuel français, suscitant de nombreuses interrogations.
Le conseil de surveillance de Vivendi, dont la participation s’élève à 29,9 % par le groupe Bolloré, a donné son aval à cette scission le 28 octobre dernier. Le projet vise à diviser la société phare en quatre sociétés cotées à travers trois métropoles européennes : Havas à Amsterdam, Canal+ à Londres, Louis Hachette à Paris, tandis que le reste de Vivendi, comprenant Gameloft et des participations dans Telecom Italia et Universal Music, sera maintenu sous une structure résiduelle. Cette stratégie est définie par Yannick Bolloré, qui affirme qu’elle a pour but de « révéler le vrai potentiel des actifs de Vivendi ». L’idée sous-jacente? L aggregation de ses composants vaudra en fin de compte plus qu’une entité floue et englobante.
Les enjeux d’une scission à l’échelle européenne
Le vote des actionnaires, prévu pour le 9 décembre prochain, pourrait donc donner le feu vert à ce plan ambitieux. Cependant, il soulève des interrogations légitimes sur les conséquences pour les intérêts français, notamment dans le secteur audiovisuel. Canal+, acteur majeur du financement du cinéma en France et influencer sur le débat démocratique via sa chaîne CNews, se verra, potentiellement, osciller sous le regard des investisseurs à Londres. « Je préférerais qu’il reste en France »,
a déclaré Emmanuel Macron, exprimant ainsi son désarroi face à cette manœuvre qui, même si elle ne conduit pas immédiatement à la délocalisation des créateurs et producteurs, pourrait inaugurer une ère de mouvements plus audacieux à l’avenir.
Bien que Canal+ conserve son statut de société française et continue de s’acquitter de ses impôts au sein de l’Hexagone, cette opération manifeste une première étape vers une sortie de la sphère nationale. Ce glissement pourrait actuellement donner lieu à une ouverture vers d’autres actions similaires à l’échelle du pays.
Un changement de visage pour Havas
Concernant Havas, les transformations sont tout aussi significatives. En plus de voir ses actions transigées sur la Bourse d’Amsterdam, la holding deviendra officiellement une société néerlandaise. Ce mouvement marque presque deux siècles après la fondation de l’agence par Charles-Louis Havas. Cela génère des réflexions quant à la pertinence pour une agence de communication française, ayant accès aux données sensibles de grandes entreprises, d’opter pour un passeport étranger. La question se pose : la nature française de l’organisation peut-elle perdurer alors qu’elle s’affranchit de son terreau d’origine?
Derrière cette stratégie, on perçoit une volonté de maximiser la valorisation des actifs. Et si cette stratégie pourrait sembler avantageuse d’un point de vue financier, elle soulève des craintes sur l’avenir de l’identité culturelle française. Les relations qui lient les entreprises à leur pays d’origine doivent-elles être redéfinies à la faveur d’un marché globalisé et d’investissements d’envergure? Les réponses à ces questions sont plus que jamais d’actualité.
Conclusion : un nouveau tournant pour le paysage médiatique français
En somme, cette scission de Vivendi pourrait ne pas seulement redessiner le paysage médiatique européen mais également soulever des enjeux cruciaux pour l’identité médiatique française. À l’heure où l’économie et la culture semblent de plus en plus interconnectées, les ramifications de ce projet pourraient bien façonner le futur du secteur. Les semaines à venir s’annoncent déterminantes : entre logique financière et responsabilité culturelle, les acteurs devront naviguer avec précaution.
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