Une révolution en marche dans le monde du cinéma français
« C’est un drôle de moment pour nous, non ? Une revenante des Amériques vient donner des coups de pied dans la porte blindée. Qui l’eût cru ? »
Debout sur la scène de l’Olympia après un long exil aux Etats-Unis, la comédienne Judith Godrèche s’est tenue le 23 février face à la grande famille du cinéma français réunie pour la célébration annuelle des Césars. Non pour un discours vengeur, ni pour dénoncer quiconque. Mais pour dire une nouvelle fois depuis le dépôt de sa plainte pour viol à l’encontre des réalisateurs Jacques Doillon et Benoît Jacquot, au début du mois de février, que le silence n’avait que trop duré à propos de certains membres d’une profession secouée en profondeur depuis quelques semaines par les révélations en cascade.
Scandales et révélations
Sept ans. Il aura fallu sept ans depuis le séisme provoqué par la mise en cause aux Etats-Unis du producteur Harvey Weinstein, en octobre 2017, condamné depuis à de lourdes peines de prison, pour que les vagues du mouvement #metoo secouent en France le milieu du 7e art. Car, à travers le témoignage de Judith Godrèche ou encore les accusations d’Isild Le Besco contre le même Jacques Doillon, sans oublier les plaintes pour viol et agression sexuelle visant Gérard Depardieu, ce sont des piliers du cinéma français qui sont ébranlés.
Des cinéastes ou des acteurs reconnus, reçus et honorés dans tous les festivals et bénéficiant depuis de longues années du soutien de la critique et de la presse, voient aujourd’hui leur réputation remise en question. La ministre de la culture, Rachida Dati, souligne dans un entretien au Film français : « La liberté de création est totale, mais ici on ne parle d’art, on parle de pédocriminalité. »
Vers une prise de conscience collective
La voix des actrices, mais aussi celle d’acteurs, peut enfin s’élever pour dénoncer des comportements inacceptables, voire potentiellement criminels. Cette prise de parole, longtemps étouffée par la crainte des représailles et l’omerta, est désormais entendue. Une remise en question profonde s’opère dans un milieu qui a souvent fermé les yeux sur des abus perpétrés au nom de l’art.
Cette période de remise en cause est surtout l’occasion de saluer le courage de ceux et celles, comme Adèle Haenel dès 2019, qui ont osé briser le silence et dénoncer des pratiques inadmissibles. Il est impératif que le cinéma français, autrefois symbole de fierté, se débarrasse définitivement de toute forme d’impunité et garantisse un environnement sain et respectueux pour toutes et tous.
Repenser le monde du cinéma
Cette révolution en marche doit conduire à une réflexion approfondie sur le rôle des artistes et sur la nécessité de garantir des conditions de travail dignes et sécurisées pour chacun. Le cinéma d’auteur français ne doit plus être le terrain de jeu de prédateurs. Il est temps de briser les tabous, d’écouter la parole des victimes, et de s’engager résolument vers une culture du respect et de l’éthique.
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