Le 7 novembre dernier, à New York, Sotheby’s a réalisé une vente aux enchères inédite en proposant la toute première peinture créée par un robot. Ce portrait, représentant Alan Turing, le réputé mathématicien, a été adjugé pour la somme impressionnante de 1,08 million de dollars, soit environ 1 million d’euros. La responsable de cette œuvre est Ai-Da, un robot humanoïde équipé d’une intelligence artificielle avancée, capable de communiquer avec les humains. Ce développement illustre la montée en puissance d’une nouvelle génération de robots, conçus pour s’intégrer progressivement dans nos vies en s’occupant des tâches domestiques, des livraisons, de la promenade des animaux, ou même de la surveillance des personnes âgées.
La Chine se positionne comme un leader dans cette révolution technologique, portant une longueur d’avance dans le domaine de la robotique. Tony Li, PDG de Keenon Robotics, a déclaré : « Notre pays est le plus grand producteur de robotique au monde, notamment pour la livraison, le nettoyage et bien d’autres applications »
. Cette entreprise, classée parmi les licornes chinoises, a déjà fourni plus de 100 000 robots pour des activités variées, incluant des restaurants, des hôtels, des hôpitaux et des usines.
Avant d’envahir les foyers avec ces innovations, la Chine a cultivé son expertise dans la robotique industrielle. D’après un rapport récent de la Fédération internationale de robotique, publié en septembre, il existe actuellement plus de 4,2 millions de robots industriels aux niveaux mondiaux, une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente. En 2023, la Chine domine ce secteur avec le plus grand nombre d’installations, suivie par le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud et l’Allemagne. La France, quant à elle, se classe au huitième rang, juste derrière l’Italie et l’Inde.
Cependant, comme l’a souligné la 10e Conférence mondiale sur les robots qui s’est tenue à Pékin fin août, le véritable potentiel du marché des robots de service est immense, car il vise directement le grand public. Au côté de géants tels qu’ABB, Kuka et Tesla, 27 robots humanoïdes ont été exposés, établissant un nouveau record. La compétition dans le domaine de la robotique au service des individus est donc en plein essor. Lors d’une récente compétition à Pékin, plus de 7 000 équipes, représentant une dizaine de pays, se sont défiées.
Jean-Dominique Séval, consultant et professeur en technologies de rupture, a partagé son expérience : « Même si les robots humanoïdes commencent à pointer le bout de leur nez en Chine, les robots de service, eux, font déjà partie de la vie quotidienne, qu’ils soient laveurs de vitres, réceptionnistes dans des lieux publics et des hôtels, serveurs dans des restaurants, ou encore livreurs dans des espaces sécurisés comme les grandes universités ou les campus d’entreprise »
. Son vécu en Chine jusqu’en août 2022 illustre à quel point ces technologies deviennent courantes et s’ancrent dans notre quotidien.
En somme, la robotique est en pleine ascension, avec un intérêt croissant tant pour les robots humanoïdes que pour les robots de service. Alors que la Chine s’affirme comme le fer de lance de cette révolution technologique, le monde entier assiste à l’émergence d’un marché potentiellement transformateur. Il s’agit d’un tournant essentiel qui pourrait redéfinir notre façon de vivre et d’interagir avec la technologie.
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