jeudi 12 décembre 2024
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Révolution en Syrie : le jour où Bachar a tout perdu !

Le 15 mars 2011, une poignée de manifestants se frayent un chemin à travers le souk Hamidiyéh à Damas, scandant des slogans hostiles à l’égard du régime en place. Ces ruelles, autrefois ornées des portraits de la dynastie assadienne – Hafez, décédé en 2000, Bassel, mort tragiquement en 1994, et Bachar, le frère devenu président –, voient l’émergence d’une révolution. Ce soulèvement atteindra son apogée treize ans plus tard, lorsque Bachar Al-Assad empruntera pour la dernière fois cette route, fuyant l’assaut rapide des rebelles qui s’intensifiait dans le nord du pays.

### Un contexte inattendu

En 2011, ce mouvement populaire prend de court les puissances du monde, qui estiment que la famille Assad possède davantage de ressources pour faire face à la vague des « printemps arabes » qui a déjà balayé d’autres dirigeants, tels que le Tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, en janvier, et l’Égyptien Hosni Moubarak, le mois suivant. Malgré ses dix ans à la présidence, Bachar Al-Assad, alors âgé de seulement 45 ans, apparaît encore capable de comprendre la colère grandissante qui secoue la région.

### Les inégalités au cœur du mécontentement

Derrière cette révolte se trouve une lutte contre les « sécuritocraties » qui dominent la Syrie, comme l’a décrit la politologue Basma Kodmani. Ce mécontentement est accentué par les inégalités flagrantes, symbolisées par l’opulence du cousin du président, Rami Makhlouf, qui concentre à lui seul les ressources nationales. Ce contexte d’injustices croissantes exacerbe la frustration des Syriens, qui commencent à demander des comptes.

### L’illustre « rose du désert »

Il est intéressant de souligner la façon dont les médias occidentaux dépeignaient alors Asma Al-Assad, l’épouse du président. Un mois avant le début de la révolution, le magazine Vogue lui consacre une couverture sous le titre éloquent de « la rose du désert ». De plus, Paris Match évoquait, en décembre 2010, leur passage à Paris avec le titre « Deux amoureux à Paris ». En 2008, lors d’un sommet méditerranéen, Bachar Al-Assad avait été l’invité d’honneur au défilé national français du 14-Juillet, ce qui témoigne d’une réhabilitation surprenante, juste trois ans après la mise en cause de Damas dans l’assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri à Beyrouth, en 2005.

### L’ombre d’un passé troublé

Cet assassinat a été le prélude à l’évacuation des troupes syriennes du Liban, illustrant la chute d’un empire et les conséquences d’une dynamique politique complexe. L’événement a marqué la fin d’une emprise que Damas avait sur le Liban depuis la guerre civile libanaise, terminée en 1990. Ce contexte historique éclaire la fragilité du régime de Bachar Al-Assad, dont les actions auraient pu être perçues comme des efforts désespérés pour maintenir son pouvoir face à un vent de révolte populaire.

En somme, cette chronologie des événements témoigne d’une lutte acharnée au cœur de la Syrie, enracinée dans des décennies de tension et d’injustices. La question demeure : jusqu’où la colère populaire peut-elle mener un régime qui semblait invincible ?

Mots-clés: Syrie, Bachar Al-Assad, révolte, printemps arabes, Rami Makhlouf, Asma Al-Assad

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