Premier principe : le temps de travail. Il est temps de réduire durablement le temps de travail, pour donner à chacun le temps de vivre. Deuxième principe : la santé. Il faut adapter les conditions de travail aux âges de la vie, et prendre en compte les risques professionnels qui tuent encore trop de salariés.Troisième principe : le salaire. Pour que le travail soit plus justement rémunéré, et que l’on puisse vivre dignement de son salaire sans recourir aux aides sociales. Quatrième principe : la formation. Pour que l’on puisse s’adapter aux mutations de l’emploi et de la société.
Insensible aux protestations, le gouvernement s’entête à vouloir imposer sa réforme des retraites
Insensible aux protestations de la rue, aveugle devant l’unanimité des syndicats, tronquant le débat parlementaire, le gouvernement s’entête à vouloir imposer sa réforme des retraites dont même ses soutiens n’en discernent plus ni le sens ni le souffle. Emmanuel Macron y voyait le joyau de son bilan : ce sera son boulet.
Nous ne nous opposons pas par dogmatisme. Qu’il faille s’adapter parce que l’espérance de vie augmente, que notre rapport au travail évolue, que nos finances sont fragiles… chacun le comprend. Mais nous nous opposons à ce projet-là parce qu’il est illégitime, injuste et inefficace.
Illégitime quand le président de la République oublie que des millions de Français ont voté pour lui, le 24 avril 2022, non pour ses idées, mais pour contrer l’extrême droite. Cela devait l’obliger, il s’assoit dessus. Injuste parce qu’imposer 64 ans ne changerait rien pour les plus privilégiés, mais tout pour les premiers de corvée : infirmiers, aides à domicile, auxiliaires de vie, ripeurs, agents de propreté, salariés de la grande distribution, ouvriers agricoles ou du BTP… Ces exemples de courage nous disent que le travail doit rester une valeur de dignité. Injuste aussi parce que le financement du projet repose exclusivement sur les épaules des travailleurs.
Inefficace enfin, parce que reculer l’âge légal ne résoudra rien tant que l’emploi des 60-64 ans restera aussi faible en France (33 % contre 60 % en Allemagne). L’article de loi à ce sujet a d’ailleurs été sèchement rejeté. Sans parler des coûts cachés du projet sur l’Assurance-maladie, ni des conséquences négatives sur le bénévolat.
Que faire ? La gauche doit tracer un cap et expliquer comment l’atteindre
Alors que faire ? La gauche a raison de s’opposer, en appui aux syndicats et aux forces sociales. Mais pour battre la droite, il ne suffit pas de battre le pavé. A l’Assemblée, l’obstruction a montré ses limites, l’outrance son indignité. De la gauche qu’on aime, on attend qu’elle trace un cap et explique comment l’atteindre.
Avec honnêteté : si nous accédions au pouvoir, ferions-nous vraiment les 60 ans, 40 annuités de cotisation pour tous ? Voilà moins un horizon qu’une illusion. Son coût exorbitant priverait l’Etat de moyens vitaux pour d’autres politiques publiques : santé, éducation… En 2012, nous avons permis la retraite à taux plein dès 60 ans pour les carrières longues. Mais une toise unique pour tous serait-elle réellement plus juste, quand tout le monde n’atteint évidemment pas 60 ans dans le même état de santé ?
Faut-il donc un statu quo ? Nous ne le pensons pas. Une vraie réforme de gauche est possible. Nous l’inscrivons dans un projet politique plus large, qui place l’utilité sociale des métiers en son cœur et propose une nouvelle émancipation par le travail. Autour de quatre principes simples.
Premier principe : le temps de travail. Il est temps de réduire durablement le temps de travail, pour donner à chacun le temps de vivre. Deuxième principe : la santé. Il faut adapter les conditions de travail aux âges de la vie, et prendre en compte les risques professionnels qui tuent encore trop de salariés.
Troisième principe : le salaire. Pour que le travail soit plus justement rémunéré, et que l’on puisse vivre dignement de son salaire sans recourir aux aides sociales. Quatrième principe : la formation. Pour que l’on puisse s’adapter aux mutations de l’emploi et de la société.
Face à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, la gauche est en droit d’opposition. La rue, les syndicats et le débat parlementaire sont unanimes contre ce projet illégitime, injuste et inefficace. La réforme est injuste car elle ne changerait rien pour les plus privilégiés, mais tout pour les premiers de corvée, et injuste aussi parce que le financement du projet repose exclusivement sur les épaules des travailleurs.
Cependant, l’obstruction et l’outrance ne suffisent pas pour battre la droite. La gauche doit tracer un cap et expliquer comment l’atteindre. Une vraie réforme de gauche est possible, centrée sur l’utilité sociale des métiers et proposant une nouvelle émancipation par le travail. Elle doit s’appuyer sur quatre principes : le temps de travail, la santé, le salaire et la formation.
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