Dans le monde des jeux vidéo, peu de choses sont aussi emblématiques que le vol de voitures dans Grand Theft Auto. Ce n’est pas seulement le titre de la saga en anglais, mais c’est aussi une expérience incontournable où l’on commence à pied pour finir au volant, en fuite, slalomant entre les voies rapides, enchaînant les dérapages et les courses-poursuites, les braquages à pleine vitesse ou simplement les balades décontractées fenêtre ouverte – sans jamais passer par un concessionnaire automobile.
D’après Paul Farley, ancien concepteur de jeux chez DMA Design (futur Rockstar North) et en partie responsable du premier opus de la série en 1997, « Ce jeu est fondamentalement une question de conduite », souvent synonyme de scènes dignes des meilleurs films d’action hollywoodiens. Bien sûr, les épisodes plus récents proposent également la conduite de vélos, avions ou bateaux. Cependant, le cœur du jeu reste la possibilité pour le joueur de prendre le volant de n’importe quelle voiture et d’explorer les routes de Vice City, Los Santos et Liberty City, des versions fictives de Miami, Los Angeles et New York.
Au début des années 1990, l’équipe de DMA Design, installée à Dundee, en Écosse, était surtout connue pour les jeux de réflexion Lemmings mettant en scène des créatures idiots et pour Unirally, un jeu de course coloré en monocycle. Pourtant, leur passion résidait ailleurs. « Le studio était totalement passionné par les voitures », raconte Paul Farley. C’est ainsi que la voiture, et elle seule, devait être la vedette de Race’n’Chase, le prototype du premier Grand Theft Auto. À ses débuts, pas de fusillades ni de combats de rue : uniquement des courses-poursuites entre policiers et voleurs dans les rues virtuelles d’une ville à explorer à sa guise.
Au départ, l’idée de sortir de sa voiture pour continuer à pied n’était pas envisagée; elle est venue plus tard. « Nous voulions simplement rendre possible le changement de véhicule », explique Keith Hamilton, réalisateur du jeu et ancien développeur du studio de Dundee, « et nous pensions que ce serait amusant de pouvoir le faire en ouvrant la portière pour en prendre une autre. » Rapidement, l’équipe s’est rendu compte qu’au lieu de mettre des voitures à disposition du joueur, il était plus logique de lui permettre de voler celles des passants : « Nous avons créé un jeu de vol de voitures, c’est arrivé par accident. »