Dans une rue de la colonie de Sde Boaz, près de Bethléem (Cisjordanie), le 5 novembre 2023.
LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »
Benjy Myers, résident de la colonie israélienne de Migdal Oz (Cisjordanie), le 5 novembre 2023.
Au fond, le village palestinien de Beit Fajjar.
LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »
Sara Bitane Brownstein, résidente de la colonie israélienne de Migdal Oz (Cisjordanie), le 5 novembre 2023.
LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »
Les échos de l’attaque du Hamas ont mis quelques heures à parvenir à Migdal Oz. Cette colonie religieuse israélienne située en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967 en contradiction avec le droit international, se love au creux d’un plateau entre Hébron et Jérusalem.
Quand la première alerte a sonné, le 7 octobre, il a été décidé de célébrer la fête juive de Simhat Torah sur le terrain de football, à proximité des abris, pour que les cent cinquante fidèles puissent se mettre à couvert. La « kitat konenout », milice citoyenne chargée de la protection de la localité, a reçu un premier briefing à 8 heures. Puis des ordres de mobilisation immédiate ont été remis aux pères et maris. Ils ont quitté discrètement la cérémonie avec leurs familles, alors que les sirènes continuaient de sonner.
« C’est triste à dire, mais les roquettes, on a l’habitude », confie Benjy Myers, 45 ans, l’un des rabbins de Migdal Oz, responsable de l’équipe d’intervention civile de la colonie. « Et la nouvelle nous est tombée dessus », poursuit M. Myers. Des résidents de Migdal Oz ont des proches résidant dans les kibboutz religieux de l’enveloppe de Gaza, touchée par l’attaque du Hamas. La stupeur a laissé place à l’effroi. « Ce n’était pas le terrorisme qu’on connaissait. Il y a eu des attaques au couteau, ou même au bulldozer, les roquettes… Mais là, ce massacre s’est passé en Israël, et avec un niveau de barbarie qu’on n’a jamais vu », s’inquiète le rabbin, qui a choisi de s’installer en Cisjordanie occupée.
Il a fallu réorganiser la défense en catastrophe. Sur soixante-dix familles, vingt-cinq ont vu certains de leurs membres – pères, maris, frères – mobilisés. Dans cette colonie, les portes sont toujours ouvertes, les fenêtres ne sont ni blindées ni équipées de barreaux. Le lendemain de l’attaque, autour de 21 heures, une alarme différente a résonné : « Pas celle des roquettes. Mais celle de l’infiltration terroriste », dit M. Myers. Un individu a tenté de franchir la barrière au sud de la colonie, là où à moins de un kilomètre se situe Beit Fajjar, un village palestinien. Il est parvenu à s’échapper.
« Depuis, nous nous sommes mobilisés. Et maintenant, on prend le Hamas au sérieux », ajoute Sara Bitane Brownstein, une autre habitante, âgée de 63 ans. Les membres de la kitat konenout ont été remplacés. Ils ont reçu une formation complémentaire pour apprendre à se servir d’une arme. Une unité de soldats israéliens a été déployée. Des équipes patrouillent nuit et jour, et des positions de tir ont été installées. M. Myers lui-même a été doté d’un fusil d’assaut, qui lui semble bien encombrant. Mais la peur reste. Les travailleurs palestiniens ne peuvent revenir dans le kibboutz qu’escortés par un membre des forces de sécurité.
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