Tetyana Vorotilova, âgée de 37 ans et originaire du Donbass, travaille en tant qu’agente de sécurité dans un supermarché à Kiev depuis le 11 juin 2024. Cette femme n’aurait jamais envisagé ce métier il y a encore trois mois, lorsqu’elle était infirmière dans un hôpital de Kostiantynivka, fuyant l’invasion russe de février 2022.
Dans un contexte où de nombreux hommes ont quitté leur emploi par crainte de mobilisation militaire, des emplois traditionnellement masculins sont aujourd’hui occupés par des femmes, des étudiants à mi-temps et même des retraités. Cette diversification des recrutements est une réponse aux pénuries de personnel rencontrées par de nombreuses entreprises ukrainiennes depuis le début du conflit.
La chaîne de supermarchés Silpo, où travaille Tetyana, fait face à ces défis de recrutement. De l’industrie sidérurgique à la grande distribution, en passant par les transports, de nombreux secteurs de l’économie ukrainienne sont touchés par cette crise. La mobilité de la main-d’œuvre et la rétention des employés sont les principales préoccupations de toutes les entreprises du pays.
La fuite de millions de personnes vers l’étranger, considérées comme « la force vive du pays », ajoute une pression supplémentaire sur l’économie ukrainienne. Selon une étude du ministère de l’économie, le pays manquera de 4,5 millions de travailleurs dans les dix prochaines années pour reconstruire et maintenir son économie à flot. La guerre en Ukraine a donc un impact profond sur le marché du travail et sur la vie quotidienne des Ukrainiens.