L’enjeu de la fin de vie et de l’aide active à mourir suscite un débat passionné en France, avec une adhésion massive du public mais une opposition ferme de certains soignants, soutenus par le ministre de la Santé, François Braun. La question de savoir si la réponse adéquate consiste à améliorer les soins palliatifs et à légaliser l’aide active à mourir divise les opinions. Toutefois, il est indéniable que la crispation autour de ce sujet porte avant tout sur les questions d’euthanasie et d’assistance au suicide.
Il est paradoxal de constater que la France est confrontée à un problème majeur en matière de fin de vie, celui de la malemort et de l’inégalité d’accès à des soins dignes pour les personnes atteintes, touchant près de 680 000 décès annuels, alors que l’enjeu mineur de l’accès à une aide active à mourir rencontre l’adhésion du public. Ainsi, la convention citoyenne sur la fin de vie a recueilli un taux de 75,6 % de participants souhaitant sa légalisation. Un sondage de l’IFOP en 2022 pour l’Association pour le droit de mourir dans la dignité indique que 94 % des Français y sont favorables. Dans les pays où elle est légale, elle représente entre 1 % et 4 % des décès, 8 % au Québec.
Cependant, personne ne manifeste en faveur d’une médecine de la fin de vie de qualité. Les cas les plus médiatisés, ceux de maladies neurologiques dégénératives ou accidentelles, ne représentent que quelques milliers de cas chaque année, tels que les maladies du motoneurone, les blessures médullaires ou les démences, contrairement aux causes de mortalité qui sont dominées par les cancers et les maladies cardiovasculaires, auxquels contribuent fortement le tabac (75 000 décès par an) et l’alcool (45 000).
Il est donc important de rappeler que chaque année, environ 300 000 personnes ont besoin de soins palliatifs en France, auxquels environ les deux tiers accèdent. Ce fossé entre les proportions d’aide nécessaire et d’accès effectif doit interpeller les pouvoirs publics et susciter davantage de mobilisation en faveur de l’amélioration de ces soins.
Il convient donc de s’interroger sur les termes même du débat et de privilégier les questions liées à la qualité de la fin de vie et l’égalité de l’accès aux soins, plutôt que de céder à la pression de l’opinion publique sur l’aide active à mourir. Il est également essentiel de garantir une réelle prise en charge des défis médicaux et sociétaux posés par la fin de vie.
Mots-Clés: fin de vie, aide active à mourir, soins palliatifs, euthanasie, assistance au suicide, malemort, inégalité d’accès, convention citoyenne, IFOP, cancers, maladies cardiovasculaires.